Avez-vous déjà visité une morgue ? Oui, je sais bien qu'on vient rarement à Paris pour visiter ce genre d'endroit. Et pourtant, si vous saviez que ça vaut tous les musées du monde. C'est bien plus calme, je vous jure! Ouais, faut pas jurer, disait ma mère. Enfin, la pauvre, elle peut plus trop dire grand chose. Les morgues c'est tranquille, je vous dis. Pas de touristes niais avec leurs appareils Nikkon à mille euros. Pas de foule, pas de marmots criards. Le silence. Même les gens qui y travaillent l'ont mis en sourdine. Les gens y sont sympas, discrets. Ils n'osent pas poser de questions. Des fois qu'ils provoqueraient trop de larmes par leur curiosité. Et puis, il y a les locataires, toujours de passage, sur le départ. Trop occupés à être morts pour vous embêter. Vous venez les chercher, et ils n'ont même pas l'idée de vous contredire. Surtout si c'est moi. Ils savent que je suis leur meilleur dernier ami. Je vais les faire tout beaux pour le dernier voyage. Après que le légiste les ait parfois bien embêté. Ils doivent être contents de me voir arriver. Je les charge dans le corbillard et hop à la boutique après avoir fait quelques derniers petits slaloms dans les embouteillages parisiens! Ben quoi ? On a bien le droit de s'amuser une dernière fois. Même s'ils sont un petit peu secoués, je les remettrais tout en ordre une fois arrivé.
Enfin, ce soir, je suis pas là pour ça. La cliente, je vais pas l'emmener. Nous, je viens pour la faire parler et pour lui prendre quelque chose que je ne peux pas lui laisser. Pauvre Gail, elle est bien amochée quand même... J'espère que celui qui fera le travail, le fera bien. Cette fois ce sera pas moi. Trop risqué, même si j'en meure d'envie. Un tel cas, éclaté sur le trottoir! Un vrai défi pour un embaumeur. Un défi à ma hauteur. Mais non, il ne faut pas éveiller des soupçons. Pas trop de faisceaux convergeant vers moi. Déjà le fait que je connaissais la victime. Ca suffit bien. Les flics ont beau ne pas être très futés quand il s'agit d'affaires qui touchent les vampires, il ne faut pas abuser. Déjà en venant ici, je prends un sacré risque. Mais bon, pas le choix! C'est désert, à cette heure-ci. J'espère qu'il n'y aura pas d'accident de la route ou de crime amenant des cadavres pendant que j'y suis. S'ils pouvaient attendre pour clamser que je sois parti, ça serait aimable de leur part.
Je me glisse tranquillement dans la première salle. Si on me surprend ici, je suis assez connu pour prétexter que je viens pour prendre des mensurations pour un cercueil ou un truc dans le genre. Il y en a des tiroirs mais je sais qu'ils sont rangés par ordre alphabétique. Voilà celui que je cherchais ! Bon sang! Ca me donne un haut le coeur quand même. Pauvre petite. Vite, ma valise. Hop, les fioles. J'en ai prévus des litrons. Il faut que je la vide de son sang et que je la nettoie à fond. Je sais que pour des analyses fiables il leur faut une quantité assez raisonnable. Je dois en laisser le moins possible. Le sérum d'Ethan se dégrade dans les organes et ils n'en trouveront pas assez pour déceler une anomalie. En revanche une analyse très poussée en hématologie pourrait leur mettre la puce à l'oreille. Enfin pour être plus tranquille, je vais quand même lui enlever les organes. Très très risqué. Parce que là j'aurai du mal à expliquer une taxidermie. Allez, je suis bon prince, je vais la remettre un peu dans l'ordre au niveau des os. J'aime les choses bien rangées et bien faites.
Pfouuu! Voilà deux heures que j'y suis. Enfin c'est toujours aussi calme. C'est déjà ça. Les organes sont dans des bocaux et le sang a presque fini de s'écouler. Elle est presque reconnaissable à présent. J'ai bien travaillé. J'ai presque fini.
-Merde! C'est quoi ce bruit ? Je remballe tout dans la valise. La vache! Elle est lourde! Putain, y a un courant d'air qu'il n'y avait pas avant et j'ai senti un déplacement d'air. Je tâte mon scalpel en argent dans ma poche. Ma lampe frontale balaie la pièce. Hahaha! C'est donc ça! L'encapuchonné aux yeux rouges! Je repousse le tiroir pour ranger Gail. Merde, il ne me lâche pas celui là. Vite, le pistolet à capsule. Et oui, une petite invention signée Bax!. Un pistolet dont les projectiles sont les micro capsules que je mets dans les appâts. C'est moins raffiné comme procédé mais tout aussi efficace. Les deux coups partent et si le second le rate, je crois bien que le premier a fait mouche. Héhé! qu'il vienne ! Je l'attends de pied ferme. Ma dague et hop, je réarme le pistolet.
- Spoiler:
- Citation :
- [HRP] En espérant que ça conviendra. J'ai suivi les indices du maître du jeu et relu les anciens récits. Je fais du première personne parce que c'est ce qui se passe dans la tête de mon Bax. Promis, je suis pas aussi barré que lui.