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 [Notre Dame]L'art dans les chairs (Pv Konstantinos)]

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Damara Xenopolis
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Damara Xenopolis

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MessageSujet: [Notre Dame]L'art dans les chairs (Pv Konstantinos)]   [Notre Dame]L'art dans les chairs (Pv Konstantinos)] EmptyMar 31 Mai - 22:58

Paris a déchiré des cœurs, Paris a dévoilé des faiblesses, Paris a fait fondre la cendre, Paris a forgé des âmes … Paris, Paris … Elle court dans le feu du temps, dans les yeux d’un mourant.

Le ciel se fendait peu à peu, laissant s’échapper quelques rayons de soleil. La nuit avait depuis, laissé place au petit matin, la lune avait tiré sa révérence. La lumière descendait droit sur terre, droit sur la ville, droit sur Paris. Le corbeau noir se disputait la branche avec l’hirondelle alors qu’en bas, au pied du vieux chêne, la rosée venait caresser l’herbe fraîche. Le vent jouait dans les plumes sombres de l’oiseau qui s’ébouriffa avant de lancer un coassement victorieux qui s’envola aussitôt dans l’immensité du ciel. Non loin de là, dans le Quartier Latin, un flux lumineux venait traverser la pièce sombre, touchant de plein fouet le visage de notre jeune grecque qui, dans un ultime geste, tourna le dos en tirant l’épaisse couette sur sa tête. Il n’était pas encore l’heure ; le soleil avait décidé de se lever aux aurores. Ouvrant les yeux, l’animal souleva son ossature en jetant un coup d’œil à Damara. Elle dormait paisiblement et de sa place, il pouvait entendre les battements réguliers de son cœur, son souffle. Tout en faisant bondir ses coussinets sur le sol, il effleura la main de la jeune femme tout en l’abandonnant à sa journée …

BIP BIP BIP.. Le réveil affichait 6.30. Boudant sur le moment, Damara posa le pied au sol en se frottant les yeux. Elle était seule dans son petit appartement, il avait sans doute déserté. Haussant les épaules, elle se préparait pour sa journée. Et une heure plus tard, on la retrouvait en bas de l’immeuble, vêtue d’un jean et d’un t-shirt qui lui découvrait l’épaule, chargé de sa bandoulière : elle était prête pour ses cours en bonne étudiante. Jetant un dernier coup d’œil au ciel, elle vit un oiseau sombre voler en créant un cercle. De suite, l’image d’Apollon sous sa forme de volatil lui vint à l’esprit. Apollon, dieu du chant … Le corbeau se sentit épier, alla se poser sur le dossier d’un banc, jetant des regards envers la grecque. Fier dans son allure de soldat de la nuit, il lâcha un son aigu qu’il transforma en une mélodie suave. Un sourire apparut aux lèvres de notre jeune femme, dans chaque chose, elle retrouvait un peu de chez elle. Et c’est en tournant le dos à l’oiseau qu’elle entama son chemin … Chacun de ses pas la ramenait sur les chemins sauvages d’Athènes. Les gens qu’elle croisait, voyaient en elle, une source de chaleur, une petite flamme méditerranéenne dans la froideur de Paris lors des jours d’hiver.

« Eh Xeno’ ! Attends-moi ! »

Interpellée, Damara se retourna. Il n’y avait qu’une seule personne qui l’appelait par un diminutif de son nom de famille : Hanna, l’une de ses camarades d’Université. Elles faisaient parties du même groupe d’étudiant en Histoire de l’Art. Saluant cette dernière, elles continuèrent toutes deux le reste du trajet avant d’arriver à destination…. Fin de journée, Damara ne ressentait pas l’envie de rentrer immédiatement. Plutôt l’envie de vagabonder un peu dans les rues. C’est donc en suivant son instinct qu’elle finit par se retrouver face à Notre Dame. Jamais encore, elle n’avait pris le temps de la contempler. Ses deux tours fendaient le ciel, le marbre brillait presque sous le soleil. Eblouie, Dama reculait le plus possible pour avoir une vue d’ensemble de la cathédrale, les tours tournées vers elle. A distance raisonnable, elle prenait place sur un muret, déposant son sac à côté d’elle. C’était l’histoire, un morceau du temps enfermé dans les briques d’un monument. Damara comprenait pourquoi les oiseaux adoraient aller se nicher tout en haut … De là, ils étaient libre. Libre de leur envole, libre de défaire leur aile au coup du vent. Fouillant dans son sac, elle sortait bloc de feuille et crayon. Si elle aimait l’histoire, elle appréciait aussi la magie du dessin … Son poignet guidait la mine, les premiers contours apparaissaient sur la feuille vierge. Les colonnes se dressaient, s’élevaient vers le soleil. Les courbes et les découpes des mosaïques venaient rajouter de l’allure à l’œuvre. Levant de temps en temps les yeux de son croquis, un léger vent venait soulever les pages, taquin…

Le crayon caressait la page avec une délicatesse et un savoir faire acquit à force d’entrainement. Les gens passaient devant elle, sans jamais plus se soucier que Notre Dame avait eu, elle aussi son histoire. Qu’elle avait été battis de la main de l’homme. Chaque pierre à l’édifice, chaque envole à sa liberté, chaque regard pour un souvenir. Le cœur battait comme autrefois, sur les côtes de Grèce, les yeux tournés vers le soleil qui s’éteignait au loin dans les eaux bleues, loin dans ses yeux d’azur …
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Constantin Basarab
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MessageSujet: Re: [Notre Dame]L'art dans les chairs (Pv Konstantinos)]   [Notre Dame]L'art dans les chairs (Pv Konstantinos)] EmptyJeu 2 Juin - 23:01

Constantin sortait d'une longue entrevue avec un notaire, un banquier et un propriétaire de biens. Comme souvent, il avait mis le banquier et le notaire dans sa poche. Cela avait même été trop facile. Aucun garde fou. Il devait lui-même envisager les difficultés qu'il pouvait avoir à honorer ses échéances à date fixe. Comme pour le label ... il avait déposé un dossier pour fonder et financer sa propre maison de disques. Le banquier lui avait sorti des graphiques, des équilibres, des exercices des dernières années sur ses propriétés viticoles du minervois et soulignant que les bénéfices engendrés ne pouvaient faire caution pour l'emprunt mais qu'il pouvait mettre dans la balance hypothécaire les nombreux biens qu'il avaient amassés. Les yeux de l'homme de finance n'avaient pu s'empêcher de briller de convoitise en songeant aux merveilles que le vampire possédaient dans le domaine des arts. Les assureurs étaient parfois très bavards envers leurs confrères banquiers. Le vieux vampire, toujours soucieux de son indépendance avait réfuté et remis à plus tard la fondation de sa maison de disques. Certains auraient pu le taxer de frileux mais il ne voulait simplement pas dépendre de quiconque financièrement. Et voilà que l'autre revenait à la charge aujourd'hui avec la galerie d'art.

- Mais on peut peut-être faire une exception pour vous... Le cru est côté en bourse et sa valeur va sans doute monter. Il suffit que vous hypothéquiez un tableau ou même une part du Clisson et le tour est joué.

- Non !

Constantin s'était levé en soufflant, les mains dans les poches de son pantalon de costume noir. Il s'était avancé vers la fenêtre, laissant sa silhouette se découper sur la lune montante. Les trois hommes avaient accepté le rendez-vous nocturne. Nul doute qu'ils savaient la nature de leur commanditaire.

- J'avance en terrain sec... pas de montage hasardeux! Si j'acquière cette galerie ce n'est pas pour la revendre deux mois après à un marchand d'art peu scrupuleux.

Il s'était retourné d'un coup l'air soudain grave. Les deux vieux humains devaient sans doute se laisser berner parfois par son aspect juvénile, oubliant qu'ils avaient à faire à un carnassier de la pire espèce. Lorsqu'on voyait Constantin en société , on pouvait y voir l'illusion d'une sorte de dandysme, un people montant, un artiste frivole. Ses apparitions étaient rares mais marquaient toujours les esprits. Pourtant, derrière le musicien , se cachait le conquérant, celui qui n'avait jamais lâché un objet convoité à nul autre sans combattre. Il avait essuyé des revers, des échecs cuisants. Son corps en portait les stigmates. Mais il était toujours revenu à la charge, comme un chien enragé.

- Monsieur San Vito ! Dit -il en pointant un doigt sur le directeur adjoint de la banques Sheffield et Smetson. J'ai croisé votre fille au bal des Premières à La Haye, il y a ... un mois de cela, je crois. Elle a bien grandi, c'est une fort jolie fille et à l'intelligence très vive. Ahh, les enfants, ils grandissent si vite ... J'ai souvenir de sa photo sur votre bureau, il y a ... dix ans de cela, lorsque vous avez pris vos fonctions. Elle a tout l'avenir devant elle mais pourtant, le temps passe si vite et la vie , ses petits riens nous éloignent parfois de ceux que nous aimons ...

Le banquier s'était tassé dans son fauteuil, le cou rentré dans les épaules, le souffle court.
La menace était à peine voilée. L'autre homme, l'héritier de la galerie Geddings, chauve au teint jaunâtre, observait le duel entre les deux antagonistes d'un air peu rassuré mais presque heureux de n'avoir pas d'enfants, de chats ou de chiens, qui put être objet de chantage et faire de lui une victime du vampire. Il échangeait des regards de poule curieuse avec son notaire.

- Enfin ... Nous pourrions peut-être vous accorder un prêt avantageux sans hypothèque si vous exposez vos propres oeuvres dans la galerie... Ce serait une garantie de rentabilité.


- Quelle grossièreté que ce mot pour parler d'art, n'est ce pas monsieur Geddings? Votre tante, cette chère âme, en serait toute retournée dans sa tombe. Elle qui le voulait libre de tout commerce et ouvrait les portes de sa galerie au peuple.

- Sans doute, je ... Nous allons bien trouver un arrangement messieurs.

- Je n'en doute pas. Voici ce que je vous propose: j'achète les murs, je choisis, seul les artistes qui exposent et je vous rembourse avec les frais d'entrée des expositions et les cotisations des artistes. Les recettes iront dans vos poches. En revanche, je conserve le pourcentage prélevé à l'artiste et je le fixe, moi seul.

- C'est impossible ... Objecta mollement San Vito. Le conseil d'administration n'acceptera jamais ces termes.

- Vous les convaincrez, monsieur, je vous fais toute confiance. Vous aurez les arguments. J'oubliais ... votre fille ... Cynthia, c'est cela ? ... Cynthia aura un droit d'entrée libre toute sa vie durant ... Une modeste contribution à l'établissement de ses études aux Beaux Arts.

L'homme avait ouvert la bouche tel un poisson en constatant combien le vampire était bien renseigné. Il sortit nerveusement une liasse de papiers de son attaché-case et le remplit sous l'oeil curieux de Geddings , trop content de voir son affaire se conclure enfin et sous le regard amusé de Constantin. L'entrevue ne s'était pas éternisée. Le vampire avait signé la proposition de prêt à ses conditions, Geddings une promesse de vente sous l'oeil vigilant du notaire. Constantin quitta la succursale de la banque en futur propriétaire d'une des galeries les plus prestigieuses du tout Paris, sise rue des Tournelles.

Il eut envie de se promener dans les rues, à la faveur de la nuit , pour en humer les fragrances qui montaient lentement après que l'astre diurne se fut enfin retiré. Ses pas le menèrent sans qu'il s'en rendit compte dans l'ile de la Cité. Il se retrouva près du parvis de notre Dame, dans les feuillages des arbres qui le bordaient. Quelques touristes s'attardaient à cette heure où la plupart avaient trouvé accueil dans les restaurants du quartier. Il avait un peu faim. Il aurait pu croquer l'un des trois types de son rendez-vous mais cela aurait entraîné des retards dans ses affaires. Ne jamais se nourrir de ses commanditaires, règle d'or en affaires. Une légère brise soulevait ses cheveux. Il aimait la caresse du vent sur son visage. Son regard se porta sur les tours séculaires qui flanquaient la grande et magnifique rosace. Un petit bruit nerveux et répétitif, pourtant jamais le même, parvint à ses oreilles terriblement efficaces par l'heure du repas.

Son regard tomba sur la jeune femme qu'il n'avait pas vu. Silhouette aux cheveux bruns donc les courbes rondes et souples ne laissaient pas de doute sur l'appartenance. Elle se tenait assise sur un muret dont les pierres étaient encore chaudes de soleil, face à la cathédrale, lui offrant son dos et son cou. Il s'approcha en silence et se pencha par dessus son épaule pour voir ce qui l'occupait d'un mouvement de bras si sûr. Il avait reconnu le geste du dessin, celui souple et ferme qui marque la feuille du regard de l'homme ... ou de la femme. Elle dessinait la maison des chrétiens dont il ne pouvait plus être. Le trait était sec et nerveux par endroit, gras et généreux à d'autres pour donner du relief aux à plat. Elle était douée. Providence du ciel qui la mettait sur sa route juste après l'entretien. Il fallait bien que Dieu voit en lui une brebis vouée à son oeuvre obscure pour le faire réussir ses nuits de la sorte.

- La tour nord est plus large ... Il est heureux qu'ils aient abandonné ce projet de flèche en leur sommet ... elle est presque parfaite ainsi ...

Elle avait sursauté... Il lui adressa un sourire lorsqu'elle se retourna ... Elle aussi était presque parfaite ...




Dernière édition par Constantin Basarab le Dim 26 Juin - 13:05, édité 1 fois
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Damara Xenopolis
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MessageSujet: Re: [Notre Dame]L'art dans les chairs (Pv Konstantinos)]   [Notre Dame]L'art dans les chairs (Pv Konstantinos)] EmptyJeu 9 Juin - 21:47

Il y a des âmes qu’on ne pourra jamais attraper, il y a des cœurs qu’on ne pourra jamais déchoir. Des démons oiseaux qui prennent un peu trop au sérieux, leurs ailes déplumées, un peu trop au sérieux leurs serres brisées. Là-bas où le ciel déclinait, le soleil Hélios fermait lentement ses yeux. Il fermait ses yeux sur les courbures d’une ombre, sur les yeux ardents d’un fauve venu du ventre des Siècles. Venu du fin fond des enfers … « Parfaite ». Un mot qui ne faisait pas parti du vocabulaire de Damara. La perfection n’existe que dans les songes. Cependant, l’imperfection des choses faisait parfois, toute la beauté des choses. La voix qui venait de s’élever dans son dos était humble, douce et énigmatique. Peine à se retourner, comme à son habitude, elle sursautait … Non prise de peur, un peu de surprise. Ses yeux finirent pas les croiser … L’acier tonnerre, l’océan pluie, le tout et son contraire. Les siens passions azurs, un peu trop clair, un peu trop tout. Deux ciels aux heures décalées, l’un au temps de midi, l’autre au couché de minuit. Ravalant sa salive, l’attention de Damara se reposa sur son dessin. Plus large disait-il. Il n’avait pas tord.

« Je n’ai jamais été très douée pour les proportions … »

Elle parlait, yeux dans les yeux avec ce même sourire dessiné au visage. Gratitude, elle le remercia à sa façon en prenant soin de rectifier cette erreur, gommant les lignes, les redessinant dans un geste plus léger, les griffonnages donnaient naissance, à une nouvelle Tour Nord. S’excusant à Notre Dame pour cet affront à sa silhouette rectiligne et courbée. Dans ses pensées éclairs, Damara pensait qu’il devait s’agir là, d’un amateur d’art, un amoureux d’histoire peut-être … Qui pouvait mieux qu’un connaisseur, voir une erreur dans un dessin qui semblait si réel ? .. Aux abords des routes, les gens voyageaient dans leurs pensées, dans d’autres bras, dans les alliages des pavés. Ce qui semblait être, son dernier coup de crayon, Damara se retourna une nouvelle fois, la mine joviale et sérieuse, présentant le dessin à l’homme qui se tenait auprès d’elle.

« C’est mieux comme ça ? »

Elle avait dans ses mots, dans ses gestes, toute l’étendue du pays soleil. Un accent typiquement méditerranéen lui donnait un charme fou et une note qui ne trahissait pas de sa provenance. Toujours en souriant, Damara prenait soin d’écouter attentivement : critiques, remarques, elle prenait tout bien … Ou presque. Venant de se redresser du haut de sa petite taille, elle leva son visage en tendant la main vers l’inconnu corbeau. Une réaction tout à fait naturel pour une personne à la spontanéité plus que marquée par son adoration d’aller vers les autres.

« Damara Xenopolis ! Chèró polí*»

Au loin, sortis de nulle part, son attention se posa directement sur Damara et son compagnon. Baissant les oreilles, grognant entre ses dents, la bête se faufila dans l’ombre à l’intérieur de Notre Dame. Gardant à l’œil sa compagne, dans les très-fonds de l’oubli … Constantin … Konstantinos. La jeune femme ne s’étonnait plus de son de la voix de cette ombre nommée. Il était lui-même un miroir, une âme fermée, enfuit au loin dans le désert du mystère. C’était ce que ressentait Damara en le regardant de plus près. Et dieu sait que son empathie ne la trahissait que très rarement. Lui aussi, était sans doute les vestiges d’un petit garçon oublié par le temps … Tout comme Notre Dame. Tout comme Elle. Les sourires de ce garçon avaient l’air sincère, ce qui mettait notre grecque à son avantage.

« Vous vous y connaissez en Art ? »

Les questions d’art sont souvent les plus délicates avec les personnes. Certains aiment juste ça parce qu’ils trouvent ça beau. D’autres s’y intéressent mais n’y connaissent rien. Pour Damara, l’art n’avait presque plus de secret … Du moins, celui de son pays. Paris cachait encore le Louvre, la tour Saint-Jaqcues, les champs Elisée, … Cette ville était une caverne aux trésors. Sans étonnement, elle s’imaginait cet homme connaitre tout et n’importe quelle beauté monumentale, assez bonne pour faire pétiller les yeux de la jeune femme. Les passions sont multiples, elle ferait des livres, de l’histoire ses amants. Comme l’homme ferait des plus belles femmes du monde, sienne… Prenant son sac à l’épaule, elle commençait à faire quelques pas vers Notre Dame, les yeux levés vers les tours. Une invitation à la discussion … Lançant à tord et à travers un dernier regard vers Constantin.

« Paris est une découverte … Là d’où je viens, elle serait presque l’Acropole. »

Le mystère ne planait plus sur son origine exacte. Tournant ses yeux vers le jeune homme, elle le questionna sur Notre Dame. Sa fondation, son histoire … Les cloches d’or tout en haut des tours dormaient. Cependant, Damara était friande d’histoire, friande de nouvelles choses à apprendre. L’ordre des choses voulait qu’elle s’intéresse à Constantin sur le terrain sur lequel, il avait choisi de l’aborder. Par la suite peut-être, lui parlerait-elle de sa vie, de la vie au bord de la mer, … Les oiseaux s’en volent au vent, la brise souffle sur les visages, les mots touchent les cœurs, les yeux frôlent le reste … Sur son chemin, Damara croisa un père et son enfant, main dans la main marché devant le monument. Elle oubliait souvent que le danger existait partout. Peut-être avait-on enlevé la mère de ce petit garçon … « Mathis ! ». Suivant le petit du regard, Damara souriait. Non, elle était là … Bien là à serrer la chair de son sang dans les bras. Une scène banale pour certains, pourtant, pour elle, c’était un moment magique. Elle ne pouvait s’empêcher de sourire, d’être heureuse pour eux … Papier d’argent, oiseau de papier et oiseau d’argent, la vie battait des ailes, qu’importe fût la nature des gens.




*Enchanté
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Constantin Basarab
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MessageSujet: Re: [Notre Dame]L'art dans les chairs (Pv Konstantinos)]   [Notre Dame]L'art dans les chairs (Pv Konstantinos)] EmptyDim 12 Juin - 1:21

Il sourit, déconcerté mais charmé de la voir si naturelle à sa proximité. De mémoire de vieux vampire, les jeunes humaines se départageaient souvent en sa compagnie par deux attitudes rigoureusement opposées. Les unes, exprimant une peur sans retenue et hurlant ou gardant le silence d'une façon quasi hystérique tentaient de s'enfuir, les autres au contraire devenant entreprenantes comme des goules le collaient pour tenter de le séduire. Pour la première fois, une humaine devisait avec lui sur un ton détendu et naturel. Elle n'était ni esclave, ni fille de joie pour sembler si à l'aise et si avenante sans être aguicheuse. Une fraction de seconde il se demanda qi elle pouvait être une de ces kamikazes envoyée par les terroristes. Elle ne pouvait savoir qu'il était là dans le bois et il ne s'était pas senti suivi en sortant de la banque. Qu'elle fut une ennemie au sens littéral du terme était donc peu probable.

- Je ne pense pas que votre sens des proportions soit en cause mais la logique de l'opinion commune qui veut que les créations de l'homme soient soumises aux seules règles mathématiques alors qu'il exprime ici le dessein de Dieu. De même que la coupole de la Basilique Sainte Sophie ne forme pas un disque parfait mais une douce ellipse, pour la faire paraitre moins écrasée vue du sol, l'oeuvre de Dieu s'est voulu parfaite sous l'angle qui intéressait les hommes. Si vous contemplez Notre Dame au lever en étant dans l'axe du soleil vous verrez les deux tours d'égales proportions, comme si tout s'équilibrait dans la lumière divine, alors que si vous la contemplez de la même façon mais dans l'axe opposé, au coucher, vous verrez la tour nord bien plus massive que sa jumelle, effrayant de ses ombres les mortels à la nuit venue, chargée des pêchés de l'humanité. La tour tournée vers la lumière, plus vive et élancée vers le ciel, celle tournée vers l'obscurité plus lourde et moins gracieuse... Les anciens savaient convaincre et impressionner la population pour imprimer l'oeuvre du très haut.

Il se tut, conscient qu'il pouvait être assommant et reporta toute son attention sur le dessin dont la fluidité se mouvait sous ses yeux avec la facilité d'un reflet sur l'onde. Elle avait retouché la tour nord qui parut soudain dans sa vérité imposante. La réalité des pierres contrastait avec le sourire et la voix qui chantait à ses sens. Elle devait aimer le soleil. Il était étonnant qu'elle flâna en ces heures. Il prit la main qu'elle lui tendait dans la sienne et y déposa un baiser comme la courtoisie le lui avait enseigné.

- Constantin Basarab ! Este o placere sa te cunosc *... C'est plus conforme à ce que votre oeil voit vraiment mais que voit votre âme ? Le gardien de cette maison saurait vous éclairer mieux que moi, je pense ... Même si je doute qu'il ait les mêmes sources . Rit -il doucement de sa voix grave.

Il la trouva passablement inconsciente car même si elle ne risquait trop rien à proximité de la maison en forme de croix, il lui faudrait rentrer chez elle et s'en éloigner. N'avait-elle donc pas peur de croiser quelques bouches ou mains trop avides ? Même sans parler de ses semblables, les rues de Paris n'étaient pas forcément sûres pour une jeune fille aux yeux d'espoir, à la bouche prometteuse et au pull souple et généreux. Il sonda le boulevard et les frondaisons. Elle en devait pas être seule, elle respirait trop l'assurance. Une odeur familière mais appartenant au passé vint le heurter. Il prit conscience qu'elle n'émanait pas d'elle même s'il la retrouvait sur ses vêtements comme effleurée.

- Je m'y connais un peu, en effet ... Vous avez un compagnon canis ? Lâcha-t-il tout de broc.

Il la regarda se lever et s'avancer au devant de la façade, son sac sur l'épaule et son carnet à esquisses serré contre elle.

- Vous êtes donc hellène ? Chez moi elle serait l'église noire de Brasov ... Murmura-t-il. Paris est une surprise perpétuelle de beauté. Dit-il en la fixant avec une moue charmeuse malgré lui.

Quelque chose avertissait néanmoins son instinct de rester à distance de la vaste voûte de la porte et de Damara tout à la fois. Damara... Un prénom qui chantait son origine moins toutefois que son patronyme. Il fut interrompu dans sa rêverie par les questions qui se bousculaient dans la bouche de la jeune fille.

- Le lieu recelait déjà un culte ancien avant son érection.Comme souvent, les chrétiens ont voulu effacer ou transformer des mens qui sortaient du sol et les capturer dans leurs grandes tours alambiquées ou alchimiques. L'endroit est chargé de flux spirituels oui. Isolé encore davantage par l'ilot... Chez moi aussi, l'eau servait de geôle. Douves si profondes qu'un enfant ne peut qu'en avoir terriblement peur, eaux noires qui mirent le soleil de midi comme les étoiles du drap vespéral. L'eau étouffe et contraint tout autant qu'elle donne la vie ... Elle fait office de calice et d'écrin surtout entourant un promontoire, comme c'est le cas ici. Oui nous avons devant nous la forteresse de ce puissant souverain qui régna sur le coeur des chrétiens d'occident... Sa maison n'est plus qu'une protection contre les enfants que son oublieuse mémoire a bannie ...

Il se tourna soudain vers la jeune fille qui semblait médusée.

- ... Comment un père peut-il montrer tant de préférence entre ses enfants ? ... Pardon, je m'égare.

Mais elle avait continué son chemin, croisant la route d'une famille étirée sur le parvis. Il sentit l'émotion qui s'exhalait en parfum de Damara. Le spectacle de l'enfant et sa mère. Il s'en détourna très vite. La rosace de la cathédrale lui offrant un bon dérivatif. La roue tournait oui sans doute ... Mais pour lui elle demeurerait un éternel recommencement, avec un début sans famille, sans parents aimants... Il s'approcha un peu sans se rendre compte vraiment... il murmura pour son seul réconfort.

- L'art et la beauté sont ma famille, les oeuvres, mes enfants, la création, ma seule compagne.

Puis soudain mû par une étrange euphorie, il prit le bras de la jeune femme.

- Voulez-vous que je vous montre la façade nord ? Vous y verrez immanquablement le fortin des soldats de Dieu ...

* C'est un plaisir de vous rencontrer.
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Damara Xenopolis
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MessageSujet: Re: [Notre Dame]L'art dans les chairs (Pv Konstantinos)]   [Notre Dame]L'art dans les chairs (Pv Konstantinos)] EmptyDim 12 Juin - 23:41

Il avait dans la voix, les notes d’un piano, l’accord du violon. Séduite par tant de mélodies, séduite par toute la générosité dans son regard d’acier, Damara se sentait comme envoutée par la plénitude. Il avait dans ses gestes et dans ses mots, beaucoup de sagesses. Et s’il aimait l’Art, c’est qu’il aimait la vie, l’histoire du monde. Ses connaissances le trahissaient par ses paroles trop bien concentrées en information, ce qui rendaient notre jeune grecque en pleine admiration face ce miroir de savoir. Était-il si différent d’elle dans le fond ? … Un homme à l’apparence d’ambre, d’argile. Un homme de tête, fier et droit, aux yeux d’ardoises. Un homme avec la force et la prestance d’une créature sortie tout droit des rêves des femmes les plus demandeuses d’amour et de protection. Constantin semblait parfait dans son statut d’homme, dans ses sourires et dans ses traits. La démarche d’une brise légère, il suivait Damara à la trace. Souriant à son compagnon, c’était de part et d’autres. Une rencontre presque banale mais qui ne l’était pas pour elle. Marcher aux côtés d’un inconnu avec pour seule destination, Notre Dame. Les intuitions courraient le vent. Elle se rappela de la question lancée à propos d’une bête noire … Elle acquiesça, toutefois, sans dire qu’il était son seul véritable ami, croisé à tout hasard dans les rues de Paris. Il était rentré dans sa vie comme une pierre qui tombe dans les flots d’une rivière. Mais le vent tourne, s’engouffre vers le hasard et Damara sentait une pression sur son bras. La face Nord ? … Prise au dépourvu, elle suivait Constantin dans son élan.

« …Euh pourquoi pas ! »

Evidemment, cela lui faisait plaisir. Levant son regard vers le jeune homme, elle le voyait empli de joie. Ses longs cheveux venaient flotter dans son dos … Il y avait des jours comme ça, où l’on se demande ce qu’il se passe, si tout cela n’était pas qu’un rêve, une plaisanterie du hasard. Pourtant, Damara savait que ce qui s’écrivait dans les lignes de son histoire, n’arrivaient pas par fortune. Les petites louves d’argents ne rêvaient pas qu’un homme les prennent par la main, les entrainent dans les profondeurs de l’inconnu, de la découverte. Non, ces petites louves restaient au coin du feu, là où la sécurité ferait d’elles, des femmes dignes de ce nom. Des femmes qui ont sans cesse peur de dire « je t’aime » car elles ont peur de se tromper, de tomber. Damara était la femme fidèle, la pure innocence, le papillon fragile, la blanche colombe... Avec le poids d’un cœur lourd. Le poids lourd d’un manque … Est-ce que les soldats de Dieu avaient-ils senti la solitude du monde sur leurs épaules dans cette tour Nord ? Au pied de l’édifice, Damara leva la tête. Cette partie était plongée dans l’ombre … Elle comptait trois contreforts avec de magnifiques arcs-boutants sur lesquelles, des gargouilles trônaient, fièrement dans les positions. Elles faisaient presque peur dans les visages grimaçants. La tour était forte et bien bâtie de pierre. Cependant, Damara fit un peu la moue de voir la pauvreté de décorations et d’ornements.

« A votre avis … Pourquoi avoir plongé cette partie de Notre Dame dans l’ombre? »

Est-ce parce que la guerre ne devait pas se faire dans la lumière ? Parce que le soleil ne se levait jamais au Nord ? Plusieurs hypothèses se bousculaient dans l’esprit de Damara. Bien vite calmée de voir que ce manque de lumière était aussi dû à un ciel virant au gris … Le soleil avait totalement disparu derrière un voile cendré. Un bruit sourd se leva dans les cieux et un vent inconnu soufflait sur Notre Dame. Les gens se dispersaient, apeuré d’être l’objet du mauvais temps qui se préparait. Damara elle, leva les yeux. Une goutte d’eau venait de tomber sur son front. La météo était vraiment capricieuse dans la belle ville, Paris abandonnée du soleil. Fronçant les sourcils, elle râlait le ciel … Elle n’eut comme réponse, qu’un grondement de tonnerre.

« Le temps est-il toujours aussi capricieux chez vous ? »

Elle avait dit ça sur un ton amusé. Elle aimait regarder la pluie tombée derrière la vitre protectrice du vent et du froid. Mais de là à être soi-même mouillé … Une douche lui suffisait. Replongeant son regard sur l’édifice, elle s’en approcha, frôla du doigt la pierre froide. Un frisson la parcourut, un frisson qui signifiait que le temps passé vivait toujours dans l’antre de ces murs. Saisissant un crayon, elle fit quelques pas en arrière pour visionner mieux l’une des gargouilles. Celle-ci ressemblait à une sorte de dragon, la gueule ouverte lançant pendouiller sa langue de pierre. Son museau semblait être un bec … Sans vraiment savoir à quoi correspondait les différentes parties du corps de la créature, Damara griffonnait. La bête avait sur le visage, beaucoup de tristesses. Comme si il lui était impossible de s’envoler loin de sa prison de pierre, impossible d’être libre.

« Vos gargouilles pourraient presque ressembler à des griffons … »

Les griffons, ses magnifiques créatures de la mythologique. Petite, Damara adorait les dessiner. Elle pensait que les gargouilles de Paris enviaient peut-être les créatures de la Grèce parce qu’elles avaient des ailes et qu’elles étaient libres … Le tonnerre ressemblait aux cries aigues d’un monstre sortit tout droit d’un film d’horreur. Sursautant, Damara rangea son calepin dans son sac. Souriant à Constantin … Aimerait-il la Grèce autant qu’elle pour son histoire ? De cette terre où la philosophie avait trouvé naissance, de ce lieu où les enfants riaient aux éclats, couraient dans les petites rues de pavés gris. Les légères gouttent de pluie se transformaient en véritable torrent. Surprise et alarmée, Damara agrippa le poignet de son compagnon sans lui demander compte, en l’entrainant sous l'abris le plus proche; le seuil de Notre Dame. Complètement trempée, ses cheveux lui collaient au visage, ses vêtements à la peau. Contente au moins, d’avoir sauvé ses dessins … Essoufflée par sa course, relâcha la pression sur le bras de Constantin avant de pénétrer sur le seuil.

« La gargouille n’a pas aimé mon dessin, je crois … »

Sous entendu que c’est elle qui avait envoyé la pluie … Soupirant, Damara regardait autour d’elle : plus personne ne traînait dans les rues. Le vent venait s’engouffrer dans les grands couloirs de l'édifice. Damara tremblait de froid, pour elle c’était le rhume assuré. Un véritable déluge, la pluie tombait avec force sur tout Paris. Cependant, quand ses yeux trouvaient ceux de son compagnon, elle vit les gouttes d’eau glisser le long de son visage. Soit il aimait être trempé jusqu’aux os, soit il était complètement fou. Sans attendre, Damara allait le rejoindre en plaçant son sac par-dessus leurs têtes.

« Et vous, vous n’aimez pas être au sec … »

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Constantin Basarab
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MessageSujet: Re: [Notre Dame]L'art dans les chairs (Pv Konstantinos)]   [Notre Dame]L'art dans les chairs (Pv Konstantinos)] EmptyLun 13 Juin - 1:53

La façade austère les dominait de son écrasante silhouette. La rectitude des contreforts, les lignes épurées, les angles abrupts contrastaient avec les voutes, les arcboutants, les croisées d'ogives, les délicatesses des rosaces de la façade sud. Il fut presque saisi de vertiges devant les murs tranchants qui s'élançaient vers le ciel. Les douves et les tours de Brancia, vues du pied, ressemblaient à cela. La même allure martiale et implacable. Tous les princes qui s'y étaient succédés avant lui sur deux siècles avaient étés des soldats de Dieu. Il avait lutté pour s'asseoir sur ce trône qui lui revenait pourtant de droit mais n'était déjà plus tout à fait un guerrier divin en y accédant. Dieu l'avait abandonné à sa naissance, manquant de le livrer aux flots de l'adriatique par la main d'un père qui le reniait puis aux cales de servitude de son navire de guerre. Ce qu'il avait arraché à l'existence, il ne le devait qu'à lui-même et pas à la providence de Dieu. La seule affaire pour laquelle il s'en était remis à lui avait été l'amour. On ne conquiert pas l'amour, il vous échoit naturellement. Ensuite, et seulement ensuite, il faut se battre pour le conserver. Jamais le très haut ne lui avait accordé de se savoir aimé quand il eut fallu ou avec certitude. Aujourd'hui encore, il doutait. Même dans sa nature vampirique, la seule chose dont il doutait, était d'être aimé. De Dieu certainement pas ... Et pourtant... Ses semblables et lui-même étaient des créatures de Dieu, au même titre que les humains, n'en déplaise aux buveurs de vin de messe.

- Le fond de la maison de Dieu... Là ou se trament ses desseins avant d'apparaitre à la lumière. Ne dit-on pas qu'il faut croire aveuglément. Ceux qui servaient en ces murs s'y astreignaient. Il ne les fallait point distraits par la trop vive lumière du dehors.

Plusieurs gouttes d'étain s'écrasèrent sur les pavés, les tâchant d'ombre. Il eut un petit sourire avant d'ajouter.

- A moins que ce ne soit pour épargner aux rosaces et sculptures les intempéries d'une exposition au nord.

Elle lui demanda les humeurs du ciel chez lui et il rit doucement.

- La pluie, là où j'ai grandi, peut noyer les chemins sous des déluges et entrainer les fiacres dans les ravines. Elle taraude la montagne telle une maitresse avide et charrie parfois des blocs de pierre au milieu des chemins, fait sortir les rivières de leur lit et les fleuves de leurs vallées. Pourtant elle est la vie, bien plus que le linceul de neige qui est coutumier de ma terre d'origine.

Il la regarda brandir à nouveau son carnet d'esquisses et son crayon pour honorer les gargouilles cette fois. Il levait vers les figures de pierre un regard étrange.

- Chez nous ils ressemblent davantage à des dragons. Nombre de mes ancêtres furent membres du Saint Ordre du Dragon. Ils étaient les défenseurs des remparts de la chrétienté en Orient, les guerriers divins... Ma terre ancestrale est pleine de paradoxes car le dragon est aussi associé au Diable à présent... Mais il est fréquent qu'on assimile un objet à ce qu'il combat. A moins que Dieu n'ait laissé la confusion se faire à dessein... D'autres encore prétendent que c'est l'ingratitude de ce Père envers ses valeureux fils qui les poussa à galvauder le symbole du Dragon au point qu'il fut associé au mal. C'était pourtant un ange purificateur à l'origine. Il défendait la maison de Dieu de ses ailes et de son ardeur. Au fil du temps, il a plus effrayé les fidèles que les ennemis de l'Eglise... Pourriez-vous me conter l'histoire de vos griffons ?


Mais à son flot de paroles répondirent les flots du ciel et Damara préféra courir vers un abri que de rester à dialoguer sous le déluge. Il ne put pourtant la suivre sous le portique de l'entrée principale où elle avait couru. Derrière elle, la présence qu'il avait perçue, fugitive, se matérialisa dans la pénombre sous la forme de deux yeux luisants. Une raison de plus de ne pas s'avancer , même si cette forme quadrupède l'intriguait. Sous la pluie qui tombait drue, il répondit à la jeune femme en riant.

- Je crois surtout que j'ai beaucoup blasphémé mais il se trompe s'il croit me faire peur ...

Le parvis déserté avait des teintes d'acier qui vibrait sous les coups de tonnerre et s'illuminait sous le feu du ciel. Les nuées s'abattaient sur le vampire, dégoulinant sur ses cheveux et son manteau. Il fixait Damara réfugiée devant la porte ouverte et au delà d'elle au fond des fonds baptismaux, il le défiait lui, sur sa croix , éclairé par les colères de son divin père. Avait-il eu peur de lui un jour ? Peur de la mission qu'il lui avait confié, peur d'échouer, de décevoir, de mourir, simplement ? Et s'il n'était encore lui aussi qu'un symbole détourné contre sa volonté ?

- Je peux supporter sa colère mais pas son "amour" ... Se contenta-t-il de répondre à la question de la jeune femme sans vraiment la voir, ses yeux d'orage toujours fixé sur la représentation du supplice ultime.

Il prit conscience qu'elle l'avait rejointe sous le déluge, l'abritant de ses oeuvres et se pencha pour lui éviter de trop lever les bras.

- Il faut sauver vos chefs d'oeuvre des diluviennes colères ! S'exclama-t-il en ouvrant son manteau pour en abriter la jeune artiste et son sac. Vous frissonnez et je vois le bout de votre nez qui frémit. La congestion n'est pas loin. Un bon rhum chaud vous tente t-il au Caveau des Oubliettes ?
Ajouta-t-il en écartant une mèche collée par la pluie des yeux azurés.

A trop parler de Notre Dame et de celui qui l'habitait, il avait oublié comme ils étaient charmants. Il était temps de prendre soin de cette beauté qui générait des espoirs.
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MessageSujet: Re: [Notre Dame]L'art dans les chairs (Pv Konstantinos)]   [Notre Dame]L'art dans les chairs (Pv Konstantinos)] EmptyLun 13 Juin - 21:32

L’impacte de l’eau sur le sol donnait l’impression d’une rivière agitée, c’était fort et la mélodie qu’alliait le son cristallin aux grondements du ciel était magistrale. Pendant une fraction de seconde, Damara s’imaginait parfaitement ce ruisseau descendant à travers les forêts, se fracassant contre roches et bois. Et le tonnerre tantôt léger, tantôt lourd qui effrayait les jeunes louveteaux, tapis dans l’ombre de leur mère. Terrifiés et tremblant, elle les rassura par des coups de museaux qui voulaient dire : avoir peur fait parti de la vie. L’image était attendrissante mais notre jeune grecque revenait bien vite à sa situation : elle était là, sous la pluie diluvienne avec Constantin. Il semblait plus préoccupé par ses dessins que par sa propre santé … Contrairement à Damara qui préférait encore sacrifier deux feuilles plutôt que de voir cet homme trempé jusqu’aux os. Tout en le fixant, elle venait de prendre conscience que la sauveuse se faisait sauver. Constantin avait choisi de la protéger en lui ouvrant ses ailes. Aussi proche … Elle eut un mouvement de recule. Elle n’avait pas pour habitude d’être ainsi, fortement à proximité d’un homme. Virant au rouge, elle serra son sac contre sa poitrine. La seule présence masculine qui se soit tenu si proche, était celle de son père. Elle ravala sa salive, un peu gauche. Comment devait-elle réagir ? S’enfuir en courant ? Le seul contact « volontaire » lui faisait peur. Mais elle prenait sur elle en venant se loger sous le parapluie improvisé, en gardant une petite distance. Au caveau des Oubliettes ? Damara ne connaissait pas cet endroit mais si le jeune homme lui proposait, c’est que cela devait être un endroit chaleureux dont il était un adepte. Pensant à leurs états physique, ils étaient doux deux trempés – surtout elle.

« Avec plaisir mais avant … Faisons un détour par chez moi en attendant que le temps se calme. »

La pluie tombait sur leurs têtes avec la force des flocons. Pour éviter d’être encore plus exposée à ses fichues gouttes, Damara n’eut le choix, elle garda un contact directe … Un peu comme l’oisillon qui venait se nicher contre le ventre de sa mère. Elle pouvait sentir la respiration, la force de son corps d’homme. Maladroitement, elle agrippa un pan du vêtement de son compagnon en le guidant à travers les grondements du tonnerre et de la pluie… Son appartement n’était pas très loin, en dix minutes, ils se retrouvaient devant le vieil immeuble du Quartier Latin. Pénétrant dans l’entrée, Damara contempla Constantin. Elle avait devant elle, un séduisant ombrageux à moitié trempé et souriant …. Tout en l’invitant à la suivre, elle montait les deux étages avant de se retrouver devant la porte de son appartement. Dans le salon, elle lui convia de faire comme chez lui le temps qu’elle se change. Déposant son sac trempé sur la table, elle s’éclipsa dans la salle de bain … Otant ses vêtements, elle enfila le premier habit qui lui venait à la main … Après une bonne dizaine de minutes, elle rejoignit son invité. Les cheveux légèrement humides s’ondulaient, jusqu’à tomber dans son dos. Souriante et libre dans sa robe ample et sombre qui dessinait à la perfection ses formes, elle jeta un coup d’œil autour d’elle : les murs et étagères étaient décorés de cadre, d’objet venant de Grèce. Des photos de sa famille … De sa mère : une femme séduisante dont la ressemblance frappante avec sa fille ne pouvait être niée. S’approchant de Constantin, elle lui confia :

« Helen … Elle nous a quitté, il y a dix ans. »

Elle ne donna aucune information sur le comment, ni sur le pourquoi. Se contentant de tourner le dos en sortant les objets que contenait son sac. Soulagée, son bloc était intact, ainsi que ses feuilles de cours. Courant un peu à gauche et à droit, elle prit un calepin remplit de papier qu’elle fourra dans un autre sac. Et en se retournant vers Constantin, elle déclara qu’ils pouvaient y aller : la pluie avait légèrement cessé … Cette fois-ci, c’était elle qui se faisait guider. Marchant aux côtés du jeune homme, elle lançait des regards autour d’elle. Les gens sortaient de leurs abris de pierre, s’étonnaient de voir que la pluie avait cessé de pleurer. Pour Damara, c’était plutôt un soulagement … Elle aurait fort regretté de couper net sa rencontre avec cet homme. Arrivé devant une bâtisse en pierre de la Rue Galande, la jeune femme inspecta la vitrine. « La Guillotine » s’inscrivait dans une écriture ancienne. A l’intérieur, Damara avait l’impression de se retrouver dans un Irish Pub à cause de l’ambiance chaleureuse de lumière qui dansait sur les murs de bois. Quelques tabourets autour du bar occupé pour la plupart, par des hommes et femmes réunis autour d’un bon verre de vodka. S’installant à une table isolée, elle ne put s’empêcher de plaisanter :

« Il vous arrive souvent d’inviter des jeunes femmes dans cet endroit ? »

Une légère musique enveloppa les lieux, douce et discrète. Le cœur léger en suivant les rythmes lents de la mélodie. Damara reposa bien vite son attention sur le monde des vivants. La carte sous le nez, elle feuilleta les diverses boissons. Même si elle n’y connaissait rien, elle donna une attention particulière pour certaines nominations, qui lui semblaient fort étrange … L’endroit n’était pas qu’un simple pub. A l’entrée, elle avait aussi vu sur un tableau « Live Music », sans doute que des artistes venaient y jouer.

« Parlez-moi de vous Constantin. D’où venez-vous ? »

Ils avaient un instant abandonné le terrain de l’Art pour apprendre à se connaitre, apprendre à déceler l’autre. Les lueurs jouaient dans les yeux de Constantin, l’éclat dansait dans ses pupilles d’orage. Oui, d’où venait cet énigmatique personnage. A quelles lois répondaient-ils ? Tant de questions qui se bousculaient dans la tête de notre petite enfant curieuse.
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MessageSujet: Re: [Notre Dame]L'art dans les chairs (Pv Konstantinos)]   [Notre Dame]L'art dans les chairs (Pv Konstantinos)] EmptyMer 15 Juin - 20:24

Elle avait proposé presque spontanément de faire un détour par chez elle pour attendre la fin du déluge. Etait-elle inconsciente ou dénuée de la moindre méfiance ? Il hésita un peu avant d'accepter comme s'il voyait, lui, un danger pour l'art en germes qui couvait en elle, dans le fait de risquer de céder à son instinct sauvage. Il avait bien cru avec Anke, pouvoir tenir le pari de l'art et retenir ses pulsions et pourtant il s'était trompé. Mais la musicienne était d'une autre nature, elle était une fille du sang et c'était le sang qu'elle avait fait couler qui avait tout précipité alors qu'il n'avait volé qu'un baiser. Damara était une fille de la lumière et du soleil comme l'attestait son dégoût de la pluie. Elle ne pouvait lui donner la mort, du moins le pensait-il ? Rien ne risquait de virer au drame. Même si l'heure du repas approchait, il était assez fort et vieux pour différer son festin une fois la soirée achevée. Ils coururent sous l'ondée, serrés l'un contre l'autre. Pourtant, il n'y vit aucune ambiguïté. Il était le mécène qui ouvre son ample manteau sur les arts naissants. Il l'avait été bien des fois déjà par le passé. La jeune femme était séduisante, très belle. Elle avait tout pour tenter un homme qu'il fut mortel ou pas mais il la voyait avec les yeux de l'esthète et du complice,de l'artiste, pas du séducteur potentiel.

Le petit appartement d'étudiant, charmant et typique du quartier latin, meublé et décoré avec une sensibilité toute féminine, chantait les accents du sud comme son occupante. Il avait un vague sourire aux lèvres, trouvant cet intermède qui venait animer sa fin de journée, des plus agréables. Elle l'invita à faire comme chez lui. Il songea encore qu'elle était bien imprudente de lui avoir laissé franchir le seuil de sa "maison". C'était l'ultime laisser-passer pour un vampire assoiffé. Il faudrait qu'il lui dise d'être plus prudente si elle voulait survivre dans la jungle qu'était devenu le monde. Il occupa le temps qu'elle passait à la salle de bains à explorer discrètement les bibelots. De jolies faïences étaient disposées sur les étagères. Alors qu'elle revenait, il était tombé en arrêt devant des photos de famille encadrés. Une fillette entre un homme brun et une très belle femme qui avait les mêmes yeux qu'elle. Juste à côté la même jeune femme en portrait. Le sourire était celui de Damara mais plus mûr, plus douloureux peut-être. Le regard de son hôtesse tomba sur cette dernière photo qu'il contemplait. Elle se glissa à côté de lui et il eut confirmation que son intuition avait vu juste. Il fut attristé d'apprendre que la jeune fille était aussi orpheline depuis dix ans. Il retint un rictus amer. Il ne savait pas ce qu'était la perte d'un parent aimant comme avait pu l'être cette femme. Lui il n'avait connu que l'absence. Il n'osa pas poser de question sur les circonstances cette perte et la jeune femme ne semblait pas souhaiter s'en ouvrir. Il se contenta de murmurer tandis qu'elle rangeait ses affaires dans un autre sac.

- Maman était aussi une fille du soleil... mais je ne l'ai pas connue...

Alors qu'elle lui donnait le signal du départ, il se contenta d'ajouter:

- Votre maman était une très belle femme... Vous avez hérité bien des choses d'elle...

Ils se retrouvèrent à nouveau dans la rue. Les éléments avaient cessé de se déchaîner, laissant les odeurs de la ville s'épanouir à la faveur de l'humidité. L'asphalte dégageait cette odeur particulière et forte qu'il avait craint les premiers temps de sa vie parisienne, mais aussi le parfum des feuilles mouillées provenant des arbres plantés dans le quartier. Ils marchaient d'un bon pas, silencieux et détendus alors qu'il la guidait à travers les rues, comme s'ils étaient de vieux amis. Arrivés devant le pub, il poussa la porte et la précéda, comme le voulait la bienséance lorsqu'un couple pénétrait dans un lieu public. Il la laissa choisir la table, cependant, et fut soulagé qu'elle préféra une des plus isolées. Il ôta son manteau encore humide et s'amusa de sa question où perçait une taquinerie teinte de curiosité.

- J'invite rarement les jeunes femmes en extérieur ... Ce sont elles qui viennent me voir ici... Enfin, nous voir ... Il nous arrive, mon groupe et moi de jouer ici... Ajouta-t-il pour éclairer la curiosité de sa compagne.

Il plongea le nez dans la carte en espérant pouvoir rester incognito pour la soirée.

- Je crois que je vais prendre une "Potence de Lucifer " Dit-il enfin en sourcillant par dessus le dépliant. Et vous ?

Il connaissait bien l'établissement et craignait que le truculent écossais qui le tenait ne ruine précisément sa discrétion. Enfin, c'était lui qui avait suggéré l'endroit aussi et peut-être avait-il inconsciemment voulu ouvrir un peu de son monde à la jeune femme. Après tout n'avait-elle pas fait bien plus en lui montrant le lieu où elle vivait ? Il avait envie de connaître plus de cette petite personne au coup de crayon si pertinent qu'il trouvait attachante dans sa naïveté, même s'il pensait qu'elle s'exposait ainsi à de cruelles déconvenues. La providence aimait peut-être l'art et la beauté et l'avait mis sur sa route plutôt lui, plutôt qu'un simple assassin aux crocs acérés pour qu'il puisse la protéger. Il songea avec un étrange sourire qu'elle était la seconde humaine qu'il avait envie de protéger. Etait-ce un simple hasard ou le fruit d'un lent cheminement ? Ou la simple volonté inavouée de faire un pied de nez à la Couronne ? La curiosité de la jeune femme semblait intarissable

- D'où je viens ... Vaste question ... Je viens de Roumanie pour tout vous dire, mais maman était originaire de l'Ile de Chios. J'ai donc le sang du soleil ... Tout comme vous ... Avoua-t-il d'un air songeur. Je suis un artiste, je pense que je peux l'affirmer, tout comme vous... J'aime à penser que le destin ne nous a pas mis en présence par hasard.

Le géant roux qui était le maître des lieux se présenta alors à leur table et donna une magistrale bourrade dans le dos de Constantin. Pour la discrétion c'était perdu.

- Hey ! Stan ! Are you fine ? So what what do you want ? I speak about of drinks of course ! Hahahaha! You need nothing else, in fact ! Clama-t-il de sa voix de stentor, avec un haussement de sourcils significatif et un regard entendu qui roulait de Constantin à la jeune femme.
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MessageSujet: Re: [Notre Dame]L'art dans les chairs (Pv Konstantinos)]   [Notre Dame]L'art dans les chairs (Pv Konstantinos)] EmptyVen 24 Juin - 1:56

Le vent tournait, la pluie avait cessé depuis longtemps … Sortant de l’ombre, ses yeux croisaient la présence de la douce d’argent dans le fléau des nuages gris. Ses griffes baignant dans l’étendue d’eau, il secoua son pelage devenu humide. La nuit n’allait pas tarder à tomber, il le savait. Il savait aussi que c’était le bon moment pour la chasse … Le moment idéal pour prendre la vie de ses innocents insectes diurnes qu’on appelle « humain ». La bête l’avait senti, elle avait vu en lui quelque chose d’anormal, d’alarmant. Ses sens en éveillent, il longeait les murs de Notre Dame en évitant les quelques gouttes qui tombaient des gargouilles, sans doute leurs pleures. La pluie avait certes, effacé toute trace du couple mais rien ne pouvait empêcher le loup de retrouver sa protégée : il faisait confiance à son flair et à son instinct. Tout en se dirigeant vers le muret où avait pris place Damara quelques temps avant, il tourna en rond en percevant celle de l’homme pour lequel, il nourrissait une trop grande méfiance et une mauvaise rage. L’animal poursuivit son chemin à travers les rues de Paris dans la plus grande discrétion. La vie s’éteignait avec le temps, les gens dans la rue commençaient à se faire rare et les quelques voitures que le loup croisait, laissait à penser qu’il était l’heure d’aller s’abriter entre quatre murs de béton, aux portes cadenasser et aux fenêtres renforcées. Dans son souvenir de louveteau, on ne devait se cacher que lorsque l’on était trop fragile … Ce qu’était en sommes, les être humaines « normaux ». Le jour déclinait dans les profondeurs de la nuit, les lampadaires s’allumaient un à un le long du trottoir. L’odeur de Damara n’était plus la même, elle ne sentait plus la pluie mais le parfum de son appartement. Baissant les oreilles, l’idée que le « monstre » ait pénétré sur son territoire ne lui plaisait gère. Un bruit tomba sec … Avertie, la bête glissa lentement jusqu’à la ruelle d’où provenait le son. Dans ses pupilles fauves dansait une ombre. Un hurlement s’éleva dans la nuit …

« Noooooooon par pitié !! »

Le cri persan de la jeune femme déchirait les tympans du Loup qui reculait dans un moment d’incertitude. Devant lui se jouait la triste scène macabre qui se déroulait chaque nuit dans Paris. Elle pleurait, elle avait peur. L’animal ressentait toutes ses craintes, il entendait son cœur battre plus fort, plus vite. Son souffle saccadé à chaque pas que faisait le vampire affamé. Il fallait inspirer la peur pour être un prédateur, il fallait montrer sa puissance … Sans aucune hésitation, il sauta sur sa victime, une vraie bête sans aucune âme. Et tandis que le ventre montrait ses entrailles fraichement englouties par l’affamé. Le loup réagit enfin, grognant dans sa puissance rauque, le vampire se tourna vers lui, le sang dégoulinant de sa langue, les yeux convulsés … Il devait s’agir d’un nouveau-né, incapable de se contrôler. Gonflant son poil, le loup s’avança, prétextant une faim, jouant les charognes. Une rage immense s’emparait de lui en imaginant sa belle Damara servir de repas à ses dégoutants personnages. Inquiet et peu sûr de sa force, le vampire s’échappa alors que la bête noire elle, s’approchait du corps. Baissant les oreilles, il n’aurait rien pu faire pour l’aider ; il était trop loin. Et comme dans ses souvenirs … « Les loups de sa meute, à la mort d’un des leurs, se mirent à hurler tous en cœur, pour que l’âme du mort soit guidé vers une paix éternelle. ». Au loin, on pouvait entendre le hurlement d’une âme solitaire qui implorait la lune de rester à jamais, témoin de sa douleur…


Dans un moment de blanc, Damara crut entendre le bruit vague d’un déchirement. Constantin la remmenait bien vite à leur conversation. Un groupe ? Était-il musicien, chanteur ? Quoi qu’il en soit, il était artiste. Piquée au vif, elle se contenait de le questionner à tord et à travers. Préférant pour l’instant, l’observer dans son choix d’une boisson. A vrai dire, elle mourrait d’envie d’un bon chocolat chaud avec crème chantilly car peu habituée à boire autre chose. Parcourant à son tour la carte une seconde fois, elle choisit finalement une « Vodka rouge» cartographiée dans la catégorie Alcools. L’appellation de la boisson la rassurait mieux que ; pinacolada, passoa passion et compagnie. Fière de son choix, elle envoya un sourire timide. Son visage la trahissait sur le fait qu’elle n’y connaissait absolument rien en alcool. Par la suite, soulagée d’entendre Constantin parler un peu de lui. Un peu de soleil en lui ? Encore un point commun à mettre sur sa liste. Par contre, une longue réflexion lui faisait faux bond lorsque celui-ci parlait de rencontre programmée par le destin. Croyait-elle seulement au hasard ? Non, bien sûr que non. Elle aimait pensée que toute chose avait un but, que chaque personne qui entrait dans sa vie n’était pas que de vulgaires papillons qui se posaient sur son épaule pour s’envoler quand bon leur semblaient … Parlant de papillon qui arrivait quand il le souhaitait, Damara eut un mouvement de panique en voyant une main venir taper le dos de son compagnon. Prête à intervenir, elle fut bien vite remise de ses émotions en voyant qu’il s’agissait visiblement d’un ami … Souriant de plus belle, notre jeune femme salua joyeusement le nouvel arrivant, tendant la main vers lui, elle ajouta :

« Enchanté ! Damara … Mariée et trois enfants. »

Histoire de relâcher la pression et de mettre en avant les sous-entendus de l’ami Roux. Relâchant la main de celui-ci, elle se leva en chantonnant à l’égard de son jeune compagnon qu’elle revenait. Tournant les talons, elle se rendait aux toilettes. A son passage, elle sentait des regards lourds posés sur elle. Préférant ignorer, elle descendit trois marches d’escaliers avant de se retrouver dans une pièce carrelée de blanc. Six cabines au total et trois grands miroirs suspendus au dessus de cinq éviers. Tout en se rapprochant de son reflet, elle vit des inscriptions un peu partout sur le mur, « Appelle-moi » , « x je t’aime », « Caveau, y a rien d’mieux ! », « T’es belle Lol ! ». Fronçant les sourcils, Damara n’a jamais réussit à comprendre pourquoi les gens faisaient autant de graffitis sur les murs. Soupirant, elle passa de l’eau sur son visage, elle avait encore une léger couleur rosée sur les joues. Il fallait vraiment qu’elle cesse de rougir ainsi … Une femme venait d’entrer, elle était provocante dans son déhanchée. S’approchant d’un miroir, elle se fixa, jugeant que ses lèvres manquaient d’un rouge éclatant. Tube de rouge à lèvres en main, elle dessina le contour de sa bouche, pressant ses « babines » l’une contre l’autre. Son regard tomba sur notre pauvre petite Damara toute frêle dans son corps de femme. Sortant une cigarette, la nouvelle arrivante, se glissa dans le dos de la grecque en lui susurrant :

« Fais attention Jolie Cœur … Les hommes sont des chasseurs, et lui, n’hésitera pas à te planter ses crocs lorsqu’il aura une petite faim. »

Disparaissant en un claquement de doigt, Damara resta perplexe. Mais de quoi voulait-elle parler ? Revenant à la raison, elle se dit qu’elle devait avoir un peu trop bu … Soupirant, elle remonta les marches. Constantin était toujours assis à la table, les verres posés devant lui. Il était tellement humble et gentil qu’elle trouvait presque insultant les dires de l’autre femme. Le bar s’était un peu plus remplis durant son absence, les hommes dominaient en nombre. Se sentant comme un chiot perdu, la queue entre les pattes, elle traversa le chemin qui la séparait de Constantin. L’impression d’être toute nue d’être ainsi épiée, elle se sentait de plus en plus mal à l’aise. Et les commentaires qui fusaient à son égard n’arrangeaient pas les choses. Elle virait de nouveau au rouge … Baissant les yeux, elle courut presque s’assoir à sa table. Heureuse de retrouver la dite-protection de Constantin. Soupirant, elle regarda son verre … La couleur rosée lui donnait presque envie de se saouler pour oublier que les hommes « sont des chasseurs ». Trois glaçons flottaient, trois mini icebergs … Prenant une grande bouffée, Damara se lança dans la dégustation un peu trop rapide de sa boisson. Sa gorge lui brûlait terriblement …

« Votre groupe ? Je vous pensais artiste-peintre à coup sûr mais musicien ou chanteur … Vous me laissez perplexe et en pleine admiration ! »

L’alcool lui montait rapidement au nez, mais elle tenait bon pour rester lucide. Elle se sentait volée sur un petit nuage, comme si tout son esprit tournait comme une éolienne et que son corps, fixe au sol, ne bougeait pas. La situation était plutôt drôle à voir : la pauvre Damara qui n’avait jamais bu se voyait virer au rouge pivoine, laissant sa légendaire maladroit-titude prendre son envole.

« Mais vous savez … Je ne suis pas vraiment artiste.. J’aime ça mais .. Euhm, je ne suis qu’une simple étudiante en Histoire de l’Art … Notre Dame a une chouette histoire mais qui me prouve que Quasimodo a existé ? »

Les oiseaux tourbillonnaient autour d’elle. Le grand Roux venait d’arriver en riant de la bêtise de Damara. Si elle avait été témoin de son état, elle serait honteuse.

« Take rather a hot chocolate... You will feel better.»

Comprenant juste le « chocolate », Damara riait. Elle n’eut qu’une envie, se donner des claques pour qu’elle se ressaisisse. Elle n’aimait pas boire, cela la rendait plus idiote qu’un manchot ... Mais tellement drôle. Sentant l’odeur de chocolat arriver, elle était prête à applaudir comme une enfant. Mais le regard quel qu’il soit de Constantin la rappelait à être la fille bien élevé. Elle n’aimait pas être jugée pour ses maladresses. Buvant son du dont elle raffolait, elle sentait son corps se réchauffer agréablement. Lançant un regard noir au verre de Vodka qui n’avait rien fait, elle fixa timidement Constantin …

« Désolé … Je n’ai vraiment pas l’habitude. Donc vous être artiste à plusieurs niveaux … Serait-il possible d’avoir un avant gout de vos talents ? »

Tout sourire, elle se sentait effectivement beaucoup plus lucide et maitre d’elle. A l’avenir, elle saura qu’elle devra prendre un chocolat chaud.
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Constantin Basarab
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MessageSujet: Re: [Notre Dame]L'art dans les chairs (Pv Konstantinos)]   [Notre Dame]L'art dans les chairs (Pv Konstantinos)] EmptyDim 26 Juin - 19:06

Constantin se sentit un peu gêné par les allusions du tavernier. Ne pouvait-on le voir en compagnie d'une jolie femme sans penser qu'il souhaitait en faire son amante ? Il se résigna dans un petit soupir se disant qu'il avait entretenu cette image un peu malgré lui. Lorsque le coeur ne trouve de rivage où se fixer, le corps divague d'un rocher à l'autre. Ses pensées vagabondèrent vers Anke, sa muse et il sut qu'il en serait toujours ainsi désormais quelque fut la compagnie qui l'entourait, son coeur tendrait vers elle. Il revint à l'instant présent et constata, amusé, que Damara avait éclairci la situation par une petite boutade gracieuse mais peu crédible. On pouvait l'imaginer mariée, mais au final cela n'empêchait pas toujours les choses. Quant à la voir en mère de famille nombreuse, si la situation eut été concevable au siècle où était né Constantin, cela ne l'était guère dans cette époque. Les femmes chérissaient leur indépendance et leur statut social plus que l'idée de fonder une famille. Elles n'y succombaient que lorsque tout leur était enfin arrivé, comme si cela pouvait enfin se concevoir et qu'il fallait bien s'y résigner. Sa vision était un peu exagérée. Certaines n'osaient franchir le pas avant d'être certaines de pouvoir assurer une vie décente à leur progéniture, d'autres avaient peur de ne pas être à la hauteur et cédaient à la peur de l'âge qui avançait. Une fois de plus l'esprit du vampire divagua. Quel père aurait-il été lui-même, sil lui avait été donné de l'être ? Certainement tout à l'opposé du sien, il aurait voulu être proche de ses enfants même s'il avait fallu les élever dans la rigueur de leur rang. Le destin en avait décidé tout autrement, lui épargnant toutefois l'horreur de cumuler le statut de père et de monstre. Après avoir commandée sa consommation dont le choix étonna fortement Constantin, la jeune grecque s'éclipsa aux toilettes. Le patron revint bientôt avec les deux verres et fronça les sourcils de plus belle en déposant la commande sur la table.

- She'll be groogy , so. It's too strong for her ... How old ...

- Ne t'inquiète pas Tom, je vais veiller sur elle... Elle doit ignorer l'effet de tes vodkas ... des vodkas tout court , même. Sourit le vampire. C'est une artiste avec laquelle je vais travailler, je prendrais soin d'elle. Continua-t-il d'un air assuré.

- Gosh, it 's right ... A musician ? Singer perhaps ?

Le patron semblait soulagé que l'entrevue fut placée sous le signe du travail pour le vampire. Stan était réputé pour sa rigueur dans le travail, rien ne risquait de dégénérer. S'il savait à quel point un entretien professionnel avait dégénéré dernièrement pour le vampire, le brave homme serait blême.

- Elle semble douée dans les arts graphiques plutôt... Je vais être bientôt propriétaire de la galerie Geddings, j'aimerai créer un carré jeune artistes. Je pensais à une chose d'ailleurs ... Accepterais-tu des expos temporaires sur les murs de ton antre ? On choisirait ensemble les thèmes, en les faisant coller aux animations que tu programmes dans le mois. Qu'en penses-tu ?

- Ohh, great ! It's a good, very good idea ! Of course, so the next month , we'll have some gothics bands. If you have some artists drawing or painting some littles things about "catacombes" ?

Constantin éclata d'un rire sonore qui éberlua le roux.

- Quoi de plus naturel que de s'adresser à un croque mitaine pour se procurer des oeuvres sur les cimetières ou les souterrains ? Je verrais parmi les artistes que j'expose oui. Mais au risque de te surprendre, je peins beaucoup de sujets en extérieur, de mémoire, et le plus souvent des sujets diurnes... C'est étrange d'ailleurs... comme si je connaissais trop la nuit par coeur et qu'elle commençait à me lasser ...

- Well, as french people say " nous voulons toujours ce que nous ne pouvons avoir ". Conclut le tavernier dans un clin d'oeil.

- C'est tellement vrai ! Reconnut le vampire en hochant la tête.

Le patron retourna à ses occupations et Constantin trempa les lèvres dans son verre, savourant la force du breuvage tout en guettant le retour de son invitée. Elle reparut, semblant un peu déstabilisé par les regards des hommes sur sa silhouette. Ils n'avaient pas échappés au vampire qui retint rictus agressif envers un barbu qui s'y attardait avec un peu trop de lubricité à son goût. Damara fila entre les tables et s'assit précipitamment en face de lui, les joues en feu. Il lui adressa un regard apaisant mais fut sidéré de la voir se jeter sur son verre sans doute pour se donner une contenance. Il sourit de son étonnement au sujet du groupe.

- J'aime l'art sous bien des formes. La musique fut ma première passion dans ce domaine. Je suis moins connu pour mes tableaux que pour mes chansons... Il n'y a rien de très admirable, j'aime ce que je fais ... je veux dire, j'aime peindre, dessiner et chanter. Cela m'apporte beaucoup de plaisir et de détente. Je n'ai donc pas de mérite.

Il l'écouta exposer sa modestie et leva la main pour protester.

- Vous êtes jeune, vous apprenez donc, c'est dans l'ordre des choses. Cependant je puis vous dire que vous avez du talent, peut-être même plus que cela, un don ... Je l'ai vu dans votre geste et le regard qui se portait du modèle à la feuille... Beaucoup de personnes savent dessiner, très peu rendre l'âme qui habite le modèle...

Il fronça les sourcils en voyant le regard de sa protégée se voiler un peu d'excitation. Elle n'était décidément pas coutumière des alcools forts. Cela n'avait pas échappé à Tom non plus, qui devait se soucier de voir une mineure s'enivrer dans son établissement. La loi était assez stricte à ce sujet et il n'avait pas de certitude quant à l'âge de la jeune fille. Il revint à la charge avec un chocolat, sous l'oeil amusé de Constantin. Cet écossais était un gros nounours bourru mais fin psychologue. Le vampire répondit aux questions innocentes de Damara.

- Notre Dame est respectable, elle a survécu à bien des troubles et des agitations de l'âme humaine. Je doute que Quasimodo ait existé. Voyez vous, les sonneurs de cloches étaient bel et bien une congrégation réelle mais il fallait une condition physique irréprochable. Le malheureux finissaient toujours sourds, ce qui est à mon sens un terrible sacrifice. Assurément je n'aurai pu être sonneur de cloches ! Dit-il avec un clin d'oeil espiègle.

Il sourit de la mine réjouie de la jeune femme devant la tasse de chocolat fumant. Il savait que Tom ne s'approvisionnait que dans les meilleures magasins. Son chocolat devait être onctueux à souhait et plein d'arômes. Un plaisir qui lui était étranger désormais. Pourtant, voir les yeux brillants de Damara devant son chocolat fumant était un autre plaisir. Il constata avec satisfaction que la chaleur du breuvage et son innocuité convenaient mieux à la petite grecque et répondit en riant à sa dernière question.

- Attention, un artiste peut en cacher un autre, oui . Vous aurez sans doute l'occasion d'en juger par vous même, mais pour l'heure, je souhaiterai avoir un échantillon de vos talents? Ne le prenez pas mal mais je vous ai vu ajouter quelques feuilles dans votre sac tout à l'heure. Sont ce des dessins ? Accepteriez-vous de me les montrer ? Je ne vous cache pas que ma proposition est un peu intéressée... Je cherche de jeunes artistes pour un projet.

Il scruta son visage pour y lire ses réactions. Il garderait pour plus tard la question qui lui brulait les lèvres. Qui était cette ombre qui collait aux talons de la jeune fille, cette entité qui n'était ni humaine ni immortelle qui s'appliquait à la tracer et dont il sentait l'odeur se rapprocher encore une fois ? Une odeur terriblement familière mais venue du passé et qui éveillait en lui une méfiance incoercible ?



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MessageSujet: Re: [Notre Dame]L'art dans les chairs (Pv Konstantinos)]   [Notre Dame]L'art dans les chairs (Pv Konstantinos)] EmptyDim 26 Juin - 21:49

[Constantin, je te tire la langue!]
Parle plus bas car on pourrait bien nous entendre, le monde n’est pas prêt pour tes paroles tendres, le monde n’est pas prêt pour nous. On dirait tout simplement que nous sommes fou … Certain ont besoin d’un amant, d’une colombe pure à lui voler sa liberté. D’autres attendent l’oiseau rare, cherchent la moitié de leur ombre pour se sentir moins seul. L’amour était vaste, plus vaste que l’étendue des eaux, que le ciel à l’horizon de la terre. Mais pas plus vaste que la profondeur, qu’on peut voir dans les yeux d’une autre. Damara se souvenait de cet amour pur qui la liait à celle qu’on aurait pu surnommer Gaïa, déesse mère, celle qui aime, celle qui protège. Elle venait de la terre, elle était le berceau de la vie. Sebasten était tombé amoureux de ses yeux, de son sourire, de sa simplicité de femme sans artifice. Beaucoup de fois, le père de Damara lui avait conté que lui et sa mère nourrissaient un amour depuis leur plus tendre enfance. Mais ce n’était qu’en cette fin de soirée, sous le soleil couchant au dessus de l’Acropole qu’ils s’étaient aimés pour la première fois. La magie qui réunissait les deux personnages était tirée des plus beaux contes grecs. Cupidon avait frappé et les yeux d’enfant de Damara brillaient … Elle savait qu’un jour viendra, ce sera à son tour d’aimer, de donner, d’effleurer du bout du doigt le bonheur. Pour l’instant, elle vivait, jouait avec son destin à suivre les lignes de son histoire qui s’écrivaient au fur et à mesure de ses pas … Constantin était souriant et sérieux dans ses mots. Alors il n’avait pas fait abstraction de son geste : elle avait machinalement fourré ses dessins dans son sac sans vraiment de but précis. Elle souriait à son tour, soupçonnant son inconscient d’être au courant de ce qu’il allait se passer … Un petit air de musique sonnait des profondeurs de ses souvenirs, la boîte appartenait à sa mère, elle l’avait gardé toute son enfance auprès d’elle. Il lui arrivait certaine nuit d’ouvrir la boite à musique et d’en écouter la mélodie qui la rassurait, lui rendait le sourire et lui rappelait qu’Helen était toujours là. Ouvrant les yeux, elle se pencha vers son sac posé à ses pieds pour le poser devant elle. Tout en sortant une liasse d’une soixantaine de feuilles enfermées dans un cahier vert, elle s’expliqua :

« Je crois qu’inconsciemment, j’avais envie de vous les montrer … Tenez. Ils sont classés dans l’ordre du temps. Le premier remonte à mes septs ans je crois. Vous y verrez la nette évolution. »

Ses dessins racontaient son histoire mais ça, elle seule le savait. Sur le premier dessin, on pouvait voir trois personnages : sa famille. Le manque d’expérience laissait place à la magie des œuvres d’un enfant : beaucoup de couleur, un soleil rayonnant, des gens heureux … Damara adorait dessiné les papillons blancs qui étaient signe d’un renouveau, du retour du bon temps. Le papillon signifiait aussi Helen, elle s’émerveillait toujours devant les sublimes ailes d’un blanc pur de ses petits insectes. Sur une feuille un peu plus loin dans le tas, Constantin découvrait les traits presque parfait d’un de ses petits êtres éphémères, posé sur un lys blanc. Les coups de crayons s’affirmaient au fil des pages … Les ruines de l’Acropole étaient retranscris dans une parfaite juxtaposition de l’original. Les dessins suivants retraçaient un à un, chacun des temples grecs de leur origine à aujourd’hui. Damara connaissait par cœur l’art antique dans ses pierres, l’architecture des maisons de ses Dieux n’avaient plus de secret pour elle.

« Le Temple d’Athéna … Elle était vénérée. Les grecs de l’époque voyaient en elle, l’espoir de la victoire qui était représentée par une femme ailée. Or les ailes d’Athéna furent coupées afin que jamais, elle ne s’envole. »

On lui avait souvent conté cette histoire de la Déesse de la Victoire. A la page suivante, Damara sourit. La face d’une petite maison de plein pied aux couleurs bleutée, blanche et de verdure. Un petit muret avec une barrière en bois, séparait la maisonnette de la rue. La façade d’un blanc cassé, ornait joyeusement ses fenêtres de bois bleu ainsi que sa porte d’entrée. Un parterre de verdure, des fleurs sur le devant des vitres. Une ancienne maison typiquement grec dans sa beauté et simplicité. Damara confia que ses parents avaient eu un coup de cœur pour cette habitation située au pied de l’Acropole. Faite de bois et de pierres, elle était assez spacieuse pour accueillir la petite famille, un vrai cocon … Elle s’exclama joyeusement :

« Ah ici, vous pouvez reconnaitre Helen … J’avoue que j’ai eu assez de mal pour ce portrait. »

D’Helen, il n’y avait que ses yeux, ses lèvres à moitié caché par ses mains, les cheveux volants dans les vents qui lui recouvraient la moitié du visage. Les pommettes rosées, l’éclat bleu de ses pupilles … Damara adorait ce dessin copié sur une photo qu’elle avait trouvé dans un vieil album de famille. Helen était plus jeune, plus frêle mais gardait sur le visage, autant d’assurance et de confiance en elle, de joie. Elle ressemblait à une créature sortie tout droit des flots de la Méditerranée. Une âme tellement précieuse et rare qu’il fallait la préserver. Notre grecque se demandait encore à l’heure d’aujourd’hui, pourquoi on lui avait enlevé. Poursuivant les pages, on croisait des fleurs, des papillons, quelques souvenirs comme la vieille maison de sa grand-mère, un chat solitaire dormant sur le muret de l’église, … Dans les dernières feuilles, une ombre noire s’était glissée sur le papier blanc. Un animal a l’ossature fine, aux poils nets et gonflés, les pattes fortes et puissantes, les oreilles droites et fières. La gueule entrouverte laissant s’échapper sa langue et ses crocs acérés. Les griffes plantées dans une balle en mousse … La créature était fièrement couchée au sol, dans sa majestueuse allure de canidé, brillaient dans ses yeux, toutes les beautés du monde et toutes la peur qu’il pouvait dégager. Il était parfait et Damara en était fière mais ne s’attardait pas sur son compagnon canin. Levant les yeux vers Constantin, une pointe d’appréhension quant à son dit-talent.

« Verdicte ? »
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MessageSujet: Re: [Notre Dame]L'art dans les chairs (Pv Konstantinos)]   [Notre Dame]L'art dans les chairs (Pv Konstantinos)] EmptyJeu 7 Juil - 0:34

Il eut un sourire encourageant pour la jeune fille qui semblait attendre secrètement de pouvoir lui montrer enfin son talent de façon bien plus large que les croquis qu'il avait eu le loisir de contempler sur le fait. Il prit donc le temps de débarrasser la table des verres et de la tasse vide et d'effleurer sa surface pour s'assurer qu'aucun liquide ne viendrait abîmer les feuillets qu'elle sortait de son sac. Lorsqu'elle les lui tendit successivement, il pencha dessus sa longue silhouette et y promena lentement un regard attentif. Le reste du monde avait disparu de sa sphère d'intérêt. Plus qu'à leur auteur même, il s'intéressait aux dessins. Le premier le fit sourire sans l'once d'une moquerie. C'était l'oeuvre naïve du coeur. Lorsqu'il était enfant, il n'avait guère eu le loisir de dessiner. Il avait été asservi à l'apprentissage des travaux de sa famille d'adoption tout d'abord. Tenir la houe, la serpe, mener les boeufs. Très vite ses mains étaient devenues calleuses et ses muscles durs au travail de la terre. Puis le Destin, son destin l'avait enfin rattrapé. On avait extirpé l'enfant de ses nippes de paysan et on l'avait affublé des tenues d'élève pour apprendre l'histoire, les savants calculs, l'astronomie et surtout, surtout les arts de la guerre. Tout ce qui pourrait en faire un pion sur l'échiquier politique de sa famille, de son père. Cet inconnu qui ne l'avait d'abord pas voulu. Personne ne l'avait d'ailleurs voulu, sauf peut-être cette mère qui était morte en le mettant au monde. Il ne saurait jamais, il fantasmait juste inconsciemment qu'elle l'eut désiré. A l'âge où Damara avait sans doute dessiné cette scène touchante d'une famille unie, lui, apprenait à devenir un tueur et un tyran. Toutefois, il avait déjà vu des dessins d'enfants de cet âge. Il lui arrivait de s'arrêter devant l'école du quartier sise un peu plus bas dans la rue. Une école pour petits humains plus chanceux que ceux nés ou envoyés dans les parcs d'esclavage. Il scrutait parfois à travers les fenêtres, son regard acéré portant au delà de la cour de récréation. Des dessins étaient affichés aux murs. Il y promenait son regard curieux, percevant les préoccupations enfantines qui les animaient. Qui pouvait savoir quelle graine de talent sommeillait dans ces petits esprits en éveil ? La naïveté qui lui avait été refusée était toujours présente dans les feuillets mais l'inspiration et la maitrise très inégales suivant les auteurs. Il s'amusait à discerner les dons en latence. Il contempla celui de la jeune grecque en se caressant le menton. Aucun de ceux qu'il avait vu sur les murs de cette classe n'égalait la finesse et la délicatesse du trait, le souci du détail...Le sens des proportions, bien qu'encore maladroit, s'affirmait déjà. Une harmonie affleurait de l'ensemble. Le dessin ne décrivait pas le bonheur. Il ETAIT le bonheur.

Constantin pencha la tête pour scruter plus attentivement un motif récurrent. Un papillon blanc d'une grande pureté qui finalement était le sujet unique d'un autre feuillet. Il savait comme tout artiste combien des obsessions pouvaient revenir au fil d'une oeuvre et n'ignorait pas que parfois l'artiste lui-même n'en était pas conscient et que seul un oeil extérieur pouvait relever cette insistance. Le motif était pur et tellement fixé dans la précision du détail et la délicatesse. Il s'attendait à voir le papillon battre des ailes, prendre son envol et laisser la feuille vierge de toute empreinte autre que le lys blanc qui lui servait de reposoir. La fleur elle-même semblait s'épanouir sous l'oeil du vampire... Le lys ... symbole de pureté, de noblesse et en même temps d'asservissement... La symbolique était renforcée par la couleur...
Venaient ensuite une succession de représentations des temples les plus sacrés de la Grèce antique. Le connaisseur apprécia la justesse des proportions mais vit au delà, par les ombres portées, la lumière du jour naissant sur les ruines, où bien au contraire, le crépuscule qui les envelopperaient bientôt et par dessus tout, il imagina une frêle silhouette, une fillette parcourant les pierres brûlantes de ses pieds chaussées de sandales en cuir. Il la vit s'étirer sous le soleil, passer une main dans sa tignasse brune et sortir ses crayons, le visage nimbé d'une joie indicible. Il reconnut le trait nerveux et vibrant qui avait tracé la cathédrale quelques heures auparavant. Le sourire du vieux vampire s'étira. Le talent était né en même temps que l'enfant et avait grandi, nourri d'amour, sans doute, mais aussi inspiré par le cadre magnifique dans lequel elle avait grandi. Elle s'en était nourrie... Au point qu'ils fussent elle et qu'elle fut eux. Il hocha la tête en écoutant la jeune femme commenter le mythe d'Athéna alors qu'il contemplait la représentation qu'elle avait fait du temple qui lui était dédié. Il songea que les hommes étaient bien fous de mutiler les symboles de leurs Dieux pour s'assurer leur emprise. Il murmura comme pour lui-même.

- En cela ils étaient bien naïfs. Athéna était plus avisée que son frère Arès qui ne s'embarrassait pas de sagesse pour se ranger aux côté du plus légitime des combattants. Son humeur était si changeante qu'il pouvait passer d'un camp à l'autre au cours d'une bataille... C'est lui qu'il aurait fallu mutiler ...


Son humeur se tempéra cependant aussitôt au croquis suivant. Plein de couleurs et de soleil, il fleurait bon la vie et la joie. Il avait compris avant qu'elle ne lui confie qu'il s'agissait de sa maison d'enfance. Il l'enviait. Lui avait eu tellement de berceaux successifs qu'il ne s'était véritablement attaché qu'à Brancia, le château fort qui abritait son trône.

- C'est une ravissante maison... Très typique de chez vous... Je suis allé une fois en Crête et j'ai résidé dans une maison assez semblable, bâtie à flanc de colline, des escaliers y menaient, d'un blanc aveuglant même sous la lumière de la lune... Tout était blanc, il fallait essayer de se fondre dans les ombres portées pour passer inaperçu. Une vue sur la mer... Imprenable. Le vent gonflait les rideaux des fenêtres ouvertes qui laissaient entrer cette brise maritime si fraîche et chargée d'un mélange d'embruns et des fleurs des jardins suspendus. Dit-il d'un air rêveur.

Il perçut la fêlure dans la voix de l'enfant lorsqu'elle commenta le portrait qu'elle avait fait de sa maman. Là encore il lui sembla qu'Helen allait bientôt prendre vie, écarter cette mèche indisciplinée qui lui barrait le visage, éclater d'un rire frais et qu'elle le contemplait à travers le dessin. Il la sentit infiniment plus vivante que lui pouvait l'être et battit des paupières. Lui et son "espèce" pouvaient bien se prétendre immortels, ils seraient toujours supplantés par l'art qui rendait tout chose immortelle. Le sang pouvait être la vie, l'art était au delà. Il l'avait compris depuis bien longtemps. Il leur était bien supérieur. Il regarda encore attentivement chaque feuillet délivrant un peu de la vie de Damara, tous fidèles et vibrant de l'instant qu'ils avaient figé. Quel paradoxe. Celui qui distinguait le don du simple talent vague. Le vampire resta en arrêt sur les derniers qui représentaient une silhouette noire et poilue. Son oeil se souvint l'avoir vue glisser dans l'ombre du parvis puis se découper à la lumière des bougies de la nef alors qu'il était resté sur le seuil. Griffu, la gueule hérissé de crocs, il était la superbe incarnation du chien des enfers.

- Kérberos ... Garm ... Fenrir ? Murmura-t-il ne sachant s'il devait sourire ou pâlir. Me mangera-t-il ma main si je la glisse entre ses crocs ? Il est ... magnifique. Pourquoi vous suit-il ?

Il fronça les sourcils, tiré de ses questionnements par la propre question de Damara et y répondit le plus simplement du monde.

- Vous avez déjà la réponse... Voulez-vous exposer dans ma galerie ? Il faudra dessiner beaucoup plus encore ... Vous avez un don, celui de capturer sur le papier et sans doute la toile et de restituer vivant ce que vous capter. Ce qui est extrêmement rare. Seriez-vous prête à me faire confiance et à venir voir mes oeuvres chez moi ? Je serai intéressé de connaitre votre avis ...


Dernière édition par Constantin Basarab le Lun 29 Aoû - 12:54, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Notre Dame]L'art dans les chairs (Pv Konstantinos)]   [Notre Dame]L'art dans les chairs (Pv Konstantinos)] EmptyDim 7 Aoû - 16:54

[Sorry pour ce gros retard [Notre Dame]L'art dans les chairs (Pv Konstantinos)] 805581 __ Click! ]

La seule force de croire en un avenir meilleur tenait les plus forts d’entre nous la tête hors de l’eau, la tête hors du sombre destin qui se dessinait à l’horizon. Comme ses grands Hommes qui ont inventé cette religion qu’est la philosophie … Une religion qui a pour but, d’unir chaque être humain par le cœur, de le pousser à chercher son bonheur. Le combat pour la survie n’existait pas dans les yeux de notre jeune femme, elle préférait encore mourir en ayant le cœur libre de toute la peur du monde. La vie n’était donc pas assez importante pour que certains la volent à d’autre ? Fallait-il se ranger du côté des prédateurs pour assurer sa propre survie … Sa propre vie ? Le refus total de sa propre liberté, la fierté bafouée ... Est-ce que l’animal avait choisi de traquer ou souhaitait-il seulement se venger ? Damara ignorait totalement l’histoire de cette majestueuse créature de l’ombre. Jamais, il ne pourra lui narrer toutes les souffrances qu’ont connues sa meute, son esprit fracassé par toute la violence inhumaine de l’homme, de l’homme fragile et de l’homme animal. Qui devinera que son chagrin s’est muté en rage ? Qui devinera que sous ses crocs et ses pattes, les vies se sont déchirées ? Notre grecque se souvint, que lorsque ses yeux d’ambre devenaient sang, que son cœur ne portait plus de raison : la mort n’était jamais très loin.

«… Pourquoi vous suit-il ? »

Regardant d’un air perplexe son compagnon, Damara fronça les sourcils. Que voulait-il dire ? Comment pouvait-il savoir que l’animal la suivait ? Sans doute, les avait-il déjà croisés lors de leur promenade quotidienne. Il était vrai qu’il était rare que le canidé ne soit pas sur les pas de la jeune femme. Il était sa fidèle ombre, son léger vent d’automne. Tout sourire, elle s’apprêta à répondre mais Constantin la devança en enchérissant avec une nouvelle question. Une nouvelle question, une nouvelle intrigue, un coin sombre qu’il fallait éclairer. Un don, disait-il. Une sorte de talent exceptionnel que les Dieux, par bonté, donnent aux mortels. Tout cela résulte du hasard. Mais pour Damara, ce n’était pas vraiment ça … Depuis qu’elle avait compris son amour pour le dessin, la vie lui parlait plus facilement. Les choses banales avaient à ses yeux, un sens. De la pierre ovale aux pétales délicatement coupées d’une orchidée, passant par le travail épuisant des hirondelles pour bâtir leur nid. Elle sourit à nouveau, les joues rosées.

« Je ne pense pas que mes talents soient à la mesure de vos espérances. N’allez pas croire que je doute de moi, c’est juste que mes dessins sont une partie de moi. Toutefois, je me joins volontiers à vous pour découvrir votre monde … »

Elle aimait représenter un autre monde, une délicatesse que jamais personne ne pourra tuer. Dans ses dessins, elle exprimait souvent sa douleur, son manque d’elle. Le papillon blanc était l’esprit volé, cloué à son Lys. Ses écarts sombres, les larmes d’une petite fille violée dans son psyché. Et s’exposer ainsi aux yeux du monde, ne serait-ce pas là, un outrage à la mémoire de celle qui lui a donné la vie ? Incrédule aux battements de son cœur, Damara rangea ses dessins et se leva. Face à Constantin, elle n’avait qu’une hâte : concrétiser que son mystère était lui aussi, caché dans ses œuvres. Saluant au passage le patron, elle disait au revoir au Caveau des Oubliettes en se jurant d’y revenir une prochaine fois et de prendre comme à son habitude, son fidele chocolat chaud. Un peu hâtive, elle attendait patiemment l’homme à l’entrée. Dehors, des lumières bleutées et rougeâtres attirèrent son attention. Des hommes en costumes se tenaient devant une ruelle à l’autre bout de la rue. Curieuse, Damara fronça les sourcils en s’avançant d’un pas.

« J’vous conseille pas d’y aller voir Ma p’tite Dame, c’est vraiment pas beau à voir. Raaah ses saletés d’bestioles ! »

Sursautant, le clochard passait devant elle en titubant. L’alcool dans le sang mais l’image dans ses yeux encore nette d’un corps mutilé. Sans attendre, le cœur battant, elle ne voulait pas y croire. Prudente comme un lynx, elle marcha à pas rapide vers la scène macabre. Les gens s’affolaient de plus en plus autour d’elle. Les murmures se levaient dans les aires comme si on soufflait sur des boules de poussières : « C’est l’œuvre d’un malade ! », « Les buveurs de sang sans doute ! », « Non ! Un passant a vu une grosse bête noire sortir de l’allée ! », … Sur le coup, Damara pensait qu’une épidémie venait de frapper les parisiens de la folie. Mais ce n’est qu’une fois devant l’ambulance et devant le brancard que l’horreur se confirma. Une femme venait d’être tuée. Le voile blanc tiré sur son corps ne cachait pas sa main pendante dans le vide. L’odeur âcre du sang se faisait plus forte. Tournant ses yeux vers l’ombre, l’envie de vomir la prit à l’estomac … Des boyaux éparpillés sur le sol, une flaque rouge de sang. On lui avait dévoré l’intérieur du corps, on lui avait ôté la vie. Un frisson parcourut le dos de Damara, l’envie de pleurer la prenait à la gorge. Pourquoi, pourquoi ? L’enfant fragile se réveilla avec ses souvenirs … Cris, hurlement, sang, rire, os qui se brisent, …

« Il a sûrement repris sa forme animal. Un gros chien noir à en croire les empruntes et les poils trouvés sur la victime. Pas très fut-fut.»

L’un des policiers venait d’apparaitre. Damara baissa les yeux vers le sol, des pas rougeâtres lui sauta aux yeux, ils quittaient la scène de crime. Un sentiment étrange s’empara d’elle. La gorge nouée, elle recula d’un pas pour tomber contre Constantin. Pivotant sur elle-même, au plus profond de son être, elle voulait fuir les rues de Paris. La fillette d’ il y a dix ans refaisait surface.

« Partons s’il vous plait. »
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Constantin Basarab
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MessageSujet: Re: [Notre Dame]L'art dans les chairs (Pv Konstantinos)]   [Notre Dame]L'art dans les chairs (Pv Konstantinos)] EmptyLun 29 Aoû - 20:38

Il sentit l'embarras de la jeune femme lorsqu'il la questionna sur le canidé. Elle éluda d'ailleurs, ne répondant qu'à ses commentaires sur son talent et à sa proposition de l'exposer. Réponse d'ailleurs hésitante, teintée d'une sorte de pudeur. Il ne lui était pas venu à l'esprit , puisqu'elle avait accepté de lui montrer la mesure de son art, qu'elle ne souhaitât pas exposer aux yeux de tous ses ouvres mais le garder pour elle seule ou des personnes choisies. Il se sentit néanmoins flatté de faire partie de ces rares élus, si tel était le cas. Peut-être lorsqu'elle visiterait la galerie serait -elle plus en confiance en en percevant le côté intimiste et discret. Elle accepta toutefois avec enthousiasme son invitation et se leva rapidement. Attrapant son manteau, il l'enfila et la suivit après avoir réglé leurs consommations auprès de Tom. Un signe de la main assorti d'un clin d'oeil pour l'écossais et il était dehors sur les talons de Damara.

Dehors, sur le trottoir, régnait une agitation fébrile. Un attroupement s'était formé à l'entrée d'une ruelle adjacente. La jeune femme s'était précipitée, comme aimantée par l'émoi ambiant. L'odeur du sang s'imposa avec force au vieux vampire, lui donnant un frisson tout au long de la colonne vertébrale. Il vit passer le brancard. Il y avait un mort et qui dit cadavre dit police. Constantin n'aimait pas trop les uniformes, toujours ce reste de souvenir dans la résistance. Il entendit les bribes de phrases qui fusaient de la foule et commença à mettre en place les morceaux du puzzle. La victime avait été attaquée apparemment par une bête poilue et noire qui s'était enfuie. Dans la petite impasse, le spectacle n'était pas beau à voir. La malheureuse, il venait d'apprendre que c'était une femme, y avait laissé ses tripes. Ce qu'il avait pu voir grâce à sa haute stature lui rappela d'autres carnages, dont il était responsable et il fronça les sourcils lorsque Damara recula comme horrifiée. Elle semblait plus que bouleversée par l'événement. Bien plus qu'une simple anonyme dans la foule. Pourtant quand elle lui souffla comme une prière qu'elle voulait partir, il acquiesça et la prit par le coude pour la guider à travers la foule. Il la trouva extrêmement pâle. Silencieux, ils marchèrent un peu en remontant vers l'avenue et il héla un taxi sitôt qu'il en vit passer un.

Alors qu'ils roulaient en direction du Clisson, il glissa un regard en douce sur la jeune femme .

- Voulez-vous que nous nous arrêtions dans une pharmacie ? Vous êtes si pâle.

Il comprit qu'elle était trop troublée pour répondre et regretta presque de ne pas l'avoir entraîner à nouveau chez Tom pour prendre un remontant. Qu'à cela ne tienne, il lui en offrirait un chez lui. La voiture se rangea le long du trottoir encore luisant de la pluie passée. Il descendit après avoir réglé la course et alla lui ouvrir la portière, lui offrant sa main pour sortir. Il sonna à la porte avant de se souvenir que de majordome, il n'avait plus. Fouillant au fond de la poche de son manteau, il en extirpa le trousseau de clef et ouvrit la porte monumentale qui grinça dans ses gonds. Il songea qu'il faudrait les graisser. Après avoir ôté son manteau et l'avoir posé dans le vestibule, il constata que la jeune fille n'avait pas d'effets à poser et la précéda dans le salon jaune.

- Si vous voulez bien me suivre, je crois qu'une flambée et un petit cognac vous feront le plus grand bien.

Il s'effaça pour la laisser entrer dans la vaste pièce dont les mur jaune paille portaient différentes oeuvres d'art originelles et authentiques et lui désigna une bergère près de la cheminée.

- Ceux-ci ne sont pas de moi comme vous pouvez le voir. Dit il, un sourire amusé aux lèvres. Asseyez-vous, prenez vos aises, vous avez besoin de vous remettre de toutes ces émotions.

Il s'accroupit devant la cheminée et entreprit d'allumer un feu. Lorsque les brandillons s'enflammèrent enfin en craquant, il se releva et servit deux cognacs dans les grands verres à décanter. Il les posa sur le guéridon à côté de la bergère et s'inclina.

- Si vous le permettez, je vais chercher quelques esquisses à l'atelier. Je vous laisse en bonne compagnie Ajouta-t-il en désignant l'oeuvre des maîtres.
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