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| [Champs Elysées] Mademoiselle, faites vos jeux ( pv Anke) | |
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Constantin Basarab - Constantin le Sanglant -
Messages : 153 Date d'inscription : 05/02/2011 Localisation : Au Clisson, sur scène ou en chasse
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| Sujet: [Champs Elysées] Mademoiselle, faites vos jeux ( pv Anke) Ven 30 Déc - 1:25 | |
| Il la contempla alors qu'elle jouait sa comédie humaine et se donnait une apparence humble qui ne dura que le temps de laisser le chauffeur s'installer au volant. Le regard qu'elle lui lança était bien celui auquel il s'attendait. Un froid sous lequel couvait une colère savamment contenue. Le feu des prunelles démentait le calme apparent. Il ne se laissa pas désarçonner par le ton glacial et la couvait d'un regard acéré qui filtrait sous ses paupières mi closes, un regard aussi en coin que le petit sourire qui l'accompagnait. Il encaissa la remarque acerbe sans broncher et resta bêtement le bras levé avec le verre qu'il lui destinait et qu'elle lui arracha presque des mains finalement. Il se sentit un peu désappointé qu'elle ne les trouve pas "assortis" mais n'en laissa rien paraître. Il était vrai qu'elle portait une petite robe très moderne en comparaison de son costume d'époque comme si leur mise symbolisait tout le paradoxe que leur couple représentait. Elle était ancrée dans l'époque présente autant qu'il pouvait s'y sentir déplacé parfois. Il n'y avait guère que sur scène ou dans ses appartements qu'il se sentait en harmonie avec le temps présent. Peut-être parce que la musique traversait les âges et qu'il avait su préserver une ambiance d'époque chez lui. - Tu sors avec un collaborateur, un confrère du milieu artistique. Il n'y a ni maître ni esclave, ni humain ni vampire. Juste deux artistes, deux musiciens qui vont s'amuser ensemble et passer une bonne soirée. Détends toi ! Pourquoi faut-il que tu sois toujours si soucieuse de ce que peuvent penser les autres ? Profitons simplement de cette soirée, veux -tu ?Il soutint son regard lorsqu'elle le fixa, anticipant une nouvelle pointe d'humeur. Il se contenta donc de hausser les épaules en regardant les rues parisiennes qui défilaient puis, prenant conscience qu'ils n'avaient donné aucune direction au chauffeur, il appuya sur le bouton du communicateur et dit posément. - Conduisez-nous au cercle Wagram. Puis se tournant vers elle. Je suppose que tu dois bien connaître ... C'est un endroit agréable, à l'ambiance discrète et feutrée... Et où l'on tolère les fantaisies. Ajouta-t-il en lissant nerveusement le tissu de son pantalon sur sa cuisse. Il hocha lentement la tête, le visage impassible lorsqu'elle évoqua son intention de gagner. Qui pouvait savoir ce que le hasard, grand maître des aléas, pouvait leur réserver ? La limousine se gara devant la tonnelle du Wagram où un voiturier s'avança aussitôt. Le chauffeur ouvrit d'abord la porte à Constantin, comme il se doit , afin de lui permettre d'aller attendre Anke sur le tapis de feutre vert. Puis il ouvrit ensuite la portière à la jeune femme tandis que le vampire lui offrait son bras pour l'aider à descendre . Elle pesterait sans doute encore contre ce protocole d'un autre âge mais il n'en avait cure. En son temps, un homme d'honneur sortait toujours le premier du carrosse afin de s'assurer qu'aucun danger ne menaçait sa dulcinée et il savait que ce siècle n'était pas dénué de danger. Le Clan aimait parfois à frapper dans les quartiers chics fréquentés par les vampires les plus fortunés. Il lui adressa un sourire qu'il voulait apaisant et charmeur mais ne sut capter assez vite l'expression de son regard alors que le portier ouvrait à leur passage une porte en verre, leur livrant les fragrances du vaste hall d'entrée surchauffé. Alors qu'il prenait un vestiaire pour leurs pelisses, les éclats de voix, les rires et la musique de fond parvinrent aux oreilles de Constantin. Déjà Anke qu'il avait débarrassée de son manteau, se dirigeait vers le guichet pour convertir ses valeurs en jetons nacrés et colorés. Alors qu'elle sortait de sa pochette la chevalière ancienne, il la rejoignit. - J'espère qu'elle et moi vous porterons chance, ma chérie. Lui glissa-t-il à l'oreille. Au fond du hall une grande porte à deux battants ouvrait sur une magnifique salle aux lustres belle époque qui diffusaient une lumière douce propice à la concentration des joueurs. Les tables étaient presque toutes complètes. Il y avait affluence ce soir. Constantin se tenait un peu à l'écart, la décence voulant qu'il ne s'inquiète pas du montant que la bague offrirait à la jeune femme. Il contemplait le tableau des joueurs qui misaient, impatient de faire son entrée avec celle qui faisait battre son coeur un peu trop vite à son bras. Quelques habitués du Cercle, sans doute, allaient et venaient dans l'entrée et ne manquèrent pas de remarquer sa tenue singulière.
Dernière édition par Constantin Basarab le Mer 29 Fév - 2:11, édité 2 fois |
| | | Anke Rosenbaum - Noctambules -
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| Sujet: Re: [Champs Elysées] Mademoiselle, faites vos jeux ( pv Anke) Sam 11 Fév - 22:45 | |
| Constantin répondit à son amante avec simplicité. Une cruelle simplicité teintée d’humour qui l’écorcha bien plus que n’importe quelle attaque virulente. Ainsi il ne se rendait pas compte de l’importance de son anonymat, de la raison pour laquelle elle vivait cachée. Elle douta un instant qu’ils puissent un jour être vraiment en phase. Artistiquement sans doute… mais cela lui fendit le cœur. Elle s’était pourtant bien parée à affronter les tentations sentimentales et à y résister mais celle-ci, était terriblement rude. Il détourna le regard, comme s’il se moquait bien qu’elle puisse ruminer en son coin. Peut-être était-il conscient lui aussi que ça ne marcherait jamais entre eux ? Elle se sentit triste de l’avoir déçu. Il commanda alors au chauffeur de les conduire et tenta de se montrer plutôt sympathique. Il essaya d’abord de la mettre en confiance en vantant l’endroit puis, il passa une fausse main maladroite sur son pantalon. Il était si maître de lui qu’elle n’imaginait pas que cela put être un vrai geste nerveux. Une simple fausse modestie pour un personnage qu’elle savait aussi jouer et bien souvent. Il fallait qu’elle dise quelque chose, il fallait qu’elle semble moins rigide, moins dure.. Il lui avait rappelé qu’ils devraient travailler ensemble.. Elle devait y mettre du sien, il restait un employeur et elle pouvait être un peu plus agréable. - Ce n’est pas ce qu’ils pensent qui m’inquiète, juste ce qu’ils savent. Elle lui jeta un regard entendu avant de laisser son visage se transformer. Une légèreté enthousiaste s’y insuffla alors, comme si une fraction de seconde avait véritablement balayé les doutes de son cœur. - Je n’y suis pas allée souvent mais j’ai toujours trouvé l’endroit très élégant. Tu y feras grande impression j’en suis certaine. Elle lui offrit un grand sourire et posa même une main un peu brusque sur le genou de l’homme pour le réconforter et montrer qu’elle entrait dans son jeu, comprenant bien qu’il voulait passer pour un homme légèrement mal à l’aise. Une absurdité pour la célébrité qu’il incarnait à ses yeux. Lorsque la voiture s’arrêta et qu’il descendit, Anke sentit une pointe d’excitation poindre en son ventre. Ils changeaient de décors, elle allait découvrir l’image qu’elle donnait à son bras à lui. Est-ce qu’ils étaient assortis, même si elle avait décrété que non? Elle passa sa main dans ses cheveux et s’assura une dernière fois de son maquillage humain lorsque la fraicheur de la nuit s’engouffra enfin de son côté. Elle glissa ses jambes sur le côté et attrapa la main du chanteur avant de se nicher à son bras sans hésiter. Cela faisait longtemps, les images des grandes soirées du Reich tambourinaient en son esprit, elle se sentait de nouveau femme du monde, elle avait aimé cela oui et c’est aussi pour cela qu’elle ne se pardonnait pas. Elle plongea ses yeux dans ceux de son cavalier souriant et magnifique pour lui répondre de la même façon, avec une légère exagération pour masquer son anxiété sans doute... Elle voulait s’amuser comme elle le faisait jadis et là, elle ne s’en voudrait pas. Peut-être qu’il sentit qu’elle n’était pas si étrangère de ces mœurs dont elle se tenait pourtant si éloignées au quotidien et ils entrèrent. Elle lui confia son manteau et l’abandonna rapidement, l’oubliant presque tant les effluves des humains excités rendaient le cadre encore plus appétissant. Le guichet du préteur était accueillant et elle s’y rendit, fière et décidée, avec un brin d’arrogance comme si elle n’avait rien à y perdre. Après quelques politesses, elle déposa la bague sous les yeux de l’expert. La voix suave de son amant lui donna envie de se mordre les lèvres mais il ponctua sa phrase d’un petit nom qui la piqua au vif. La vitre épaisse protégeant argent et jetons ne permettait pas au mortel employé d’entendre mais elle comprenait que Constantin n’avait pas l’intention de l’épargner… Elle trouva de la pointe de son talon son dessus de pied et s’y appuya volontairement. Elle crut entendre un petit rire alors qu’il s’éloignait. Le moustachu observa la bague avec grand intérêt et leva sur elle un sourcil intrigué. - Y-a-t-il un souci ? Je sais que c’est une jolie pièce, mon père ne la gardait pas précieusement pour rien. L’hésitation venait sans doute du fait que ce n’était pas un lieu de recel et il devait craindre que ce ne soit une pièce volée aussi, elle sortit une fausse carte d’identité pour qu’il puisse prendre les informations qui lui manquaient comme un signalement auprès des archives judiciaires. L’homme vérifia l’identité sur son ordinateur, pesa le bijou plusieurs fois et lut quelques précisions sur un gros bouquin… - Je ne lui accorderai sans doute pas la valeur qu’elle a.. je n’ai pas l’habitude de ce genre de pièce. Je ne peux pas vous accorder plus de 10 000 par rapport à son poids. L’établissement ne prend pas en compte la valeur historique…Anke sourit, amusée que le bijou soit bradé. Elle prit un air satisfait. - C’est bien suffisant pour que je revienne la chercher.L’employé l'inscrivit alors sur son registre, un peu morne face à la stupidité des joueurs invétérés. Une fois les jetons confiés à la femme dans une petite pochette pratique et discrète, elle retrouva le roumain que quelques gens avaient repéré. - Je suis amplement fournie pour gagner de quoi la récupérer et donner une seconde jeunesse à mon cher violoncelle. Anke attrapa son bras, sans imaginer que cela puisse être inopportun et l’attira dans la salle principale. Là, contre toute attente, elle salua d’un geste de tête quelques personnes et plusieurs hommes scrutèrent son cavalier avec une certaine jalousie. Elle ne semblait plus si soucieuse qu’on les voit ensemble, elle avait bien intégré le rôle qu’elle aurait à jouer, tant qu’elle restait humaine le reste ne lui importait plus tellement. Elle trouva une place à une table de poker ou trois des cinq joueurs affichèrent clairement la connaître. Là encore, leurs sourires se flétrirent à la vue du vampire derrière elle et le plus blond des trois regretta dans l’instant d’avoir commandé un martini blanc pour la jolie brune. - Ne soyez pas si pâle Grégoire ! Je vais finir par croire que je vous ai déjà saigné à blanc.Elle fit signe à Constantin de s’installer à ses côtés alors que la partie était bientôt achevée. Le martini arriva et elle l’accepta en hochant légèrement la tête en direction du chanteur. - Il faut croire que j’ai marqué les esprits la dernière fois que je suis passée..- Marquer les esprits ?! Victoria nous fera bientôt croire que c’est la première fois qu’elle joue ! Votre mari sait-il que vous vous promenez avec une escorte noctambule ? Excusez-moi Monsieur… Mais j’ai cru comprendre que l’homme de Madame était un poil méfiant…Le tour touchait à sa fin et Grégoire perdit sa mise… - Je vous trouve bien peu concentré sur votre partie et tracassier de mes affaires… Vous ne tiendrez pas longtemps, me voici en veine ! Je vous présente…Elle leva un visage faussement mondain sur Constantin pour qu’il choisisse de lui-même l’identité dont il userait, espérant qu’il la suive sans broncher… Le croupier annonça le début du tour et Victoria déposa les jetons de mise de départ. |
| | | Constantin Basarab - Constantin le Sanglant -
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| Sujet: Re: [Champs Elysées] Mademoiselle, faites vos jeux ( pv Anke) Sam 10 Mar - 22:51 | |
| Il se tourna vers le brouhaha mais n'en fut pas encore. Il ne put s'empêcher de ressasser les mots qu'elle lui avait consenti à mi-voix en réponse à sa tentative d'apaisement. Ce que les gens savent ? Diable, que pouvaient-ils savoir qu'il ignorât à son sujet ? Que cachait la femme fragile et redoutable dont il s'était épris ? Un être si gracieux pouvait-il cacher de plus sombres secrets que les siens ? Ses secrets à lui... Il s'y trouvait ramené dans ce costume qui ne donnait même pas l'origine de son apogée, le siècle de son règne, de ses massacres. Elle pouvait être violente, certes, il en avait fait l'expérience. Mais comment réagirait-elle si elle savait toutes les barbaries dont il s'était rendu coupable ? Vampire elle était, mais il savait néanmoins qu'elle n'était pas dénuée d'une sensibilité. Si elle ne condamnerait certes pas les chasses sanglantes dont il s'était nourri et sa justice expéditive d'être de la nuit, comment verrait-elle les actes de l'homme qu'il avait été ? Un barbare assoiffé de reconnaissance et de pouvoir, un homme qui avait sacrifié son amour pour un autre homme, étouffant ses sentiments et condamnant à mort sans le vouloir son premier amour ? Comprendrait-elle qu'il eut pu aimer un compagnon de solitude, son prisonnier, sa proie ? Et surtout comprendrait-elle qu'il ait tu cet amour à lui-même et au monde qu'il n'ait pu l'avouer à l'être convoité avant sa mort ? Quelle faiblesse ou travers lui paraîtrait le plus effroyable ? Il sentait confusément que le second serait moins bien accepté que le premier. Elle avait assez d'ouverture d'esprit pour concevoir qu'il avait aimé un homme mais jamais elle ne comprendrait qu'on préfère à l'amour le pouvoir total au point de refuser d'en céder une part salvatrice à l'aimé. Il se savait condamné d'avance par le coeur qu'il désirait et cela le rendit sombre et rageur. Une rage qu'il devait policer en ce siècle plus civilisé, même si sa nature et la prédominance des leurs le rendait sanglant. Ce que les gens pouvaient savoir sur elle était-il si terrible en comparaison de ce qu'ils pouvaient découvrir sur lui ? Ils étaient vampires, oui. Il l'assumait bien mieux que ce qu'il avait fait étant humain, même si le Stan du réseau de résistance avait tenté de racheter les infamies du Vovoid. Lorsqu'elle avait laissé paraître ce qu'elle était, il avait eu envie de l'embrasser pour lui dire qu'il l'aimait quelle qu'elle soit mais se pouvait-il qu'il se leurre à son sujet, qu'elle lui cache de si terribles vérités sur ce qu'elle avait été, ce qu'elle était peut-être encore ? Des choses que personne, pas même lui, ne devait savoir ? Alors qu'il demeurait sur le seuil, perdu dans ses pensées, les mains dans les poches de son étrange pantalon, ses cheveux attachés par le ruban de velours carmin qui descendaient dans son dos en un long flot soyeux bouclant à leur extrémité, elle glissa son bras au sien et le ramena au temps présent . Il se redressa instinctivement pour faire son entrée sous les yeux qui le jaugeaient avec plus ou moins de discrétion depuis quelques minutes. Des regards qui disaient des sentiments si variés et contrastés. Convoitise jalousie, curiosité, crainte, provocation, invitation, défi. Il lisait en eux comme dans un livre ouvert. C'en était trop facile et il eut une moue boudeuse de dédain. Le fait qu'il eut à son bras la plus belle femme de l'assemblée ne l'aidait pas à afficher une modestie feinte. Pourtant il se crispa lorsqu'elle recueillit les salutations de connivence de trois joueurs à la table de poker où elle les avait conduits. Anke avait visiblement ses entrées au club et suscitait une fascination bien compréhensible de la part des hommes autour de la table. Il rit intérieurement de voir l'un d'eux perdre de sa superbe en constatant qu'elle s'affichait à son bras et du jeu de mots juteux qu'elle avait osé. C'était bien l'Anke qu'il connaissait. Il ne put pourtant se défendre de la morsure d'une pointe de jalousie alors que le blond mondain essayait d'effacer son malaise et sa pâleur en évoquant avec une certaine familiarité un époux possiblement contrarié. Il se retint de se mordre la lèvre et se força à rester impassible alors qu'elle lui demandait de rester derrière elle comme un escorteur et lui laissait le soin de se présenter. Il ne daigna pas incliner ne serait ce que la tête en déclinant sans y penser - Prince Constantin Basarab, Messieurs. Il se tourna légèrement vers Anke avant d'ajouter avec un air faussement compassé. Le mari de Madame, un de mes amis, me fait l'honneur de me confier l'escorte de sa chère épouse dont la sécurité lui tient à coeur. Paris peut être plein de prédateurs surprenants pour une si charmante personne même si ... nous ne doutons ni vous ni moi qu'elle sache fort bien se défendre. Il posa une main protectrice sur l'épaule de la jeune femme et la laissa glisser ostensiblement dans son dos jusqu'au creux de ses reins avant d'ajouter un ton plus bas, la voix légèrement rauque. - Nous partageons bien des choses mon vieil ami ami et moi, la sécurité et le bonheur de Victoria en font partie. Et puisque sa santé et son grand âge l'empêchent d'y pourvoir pleinement et de se joindre à nous, je m'acquitte avec plaisir et diligence de ce devoir.
Il s'imaginait sans peine l'état dans lequel ces paroles pleines d'implicite pouvaient mettre Anke et la bande de loups en rut qui trônait autour de la table de jeu. Il s'attendait à sentir les muscles de la croupe de sa compagne se durcir sous l'effet de la colère et avec une délicieuse sensation de plaisir, il savoura sa petite revanche et accentua sa pression caressante sur celle-ci. - Ma chère, Grégoire -vous permettez que je vous appelle ainsi ?- Grégoire va, je le crains, perdre une autre partie puisque vous êtes terriblement en forme ce soir. Votre époux rira encore plus fort quand nous lui raconterons vos coups, demain au petit déjeuner. Il était parfaitement indécent dans la bonne société, d'évoquer de tels moments d'intimité en public, surtout quand ils laissaient une aussi grande place aux déductions sulfureuses, sauf quand on était au dessus du lot commun et que tout vous était permis. Constantin marquait ainsi en écornant les convenances qu'il connaissait sur le bout des doigts, à quel point il s'en moquait et se considérait affranchi de toutes les règles de ce monde par son rang et son état. Comme s'il n'était pas suffisant de le faire valoir, il eut un terrible sourire qui ne cachait rien de sa nature. - Mais je parle, je parle ... Jouez, mes bons amis ! Jouez, je vous en prie ! Que je vois ma chère Victoria donner encore raison aux bonnes fées qui ont choisi son nom ! Il croisa négligemment les jambes alors que son bras traînait toujours sur le dossier de la chaise et le dos d'Anke et que son autre main hélait un serveur chargé de plateaux. - Mon brave, apportez ici quelques coupes de Dom Pérignon et laissez nous la bouteille ! Enfin, si vous avez un Jeroboam... Un 1943 serait idéal mais un autre fera l'affaire. Il se demanda avec un petit rictus sarcastique si l'un des joueurs aurait connaissance du statut d'un homonyme et ferait le rapprochement, mais jugea que c'était peu probable. Aucun d'eux ne devait seulement imaginer l'existence d'une expression artistique telle que Zagiel la pratiquait. Mais il y avait un bien plus brûlant questionnement qui le dévorait. L'époux de Victoria avait-il un fondement bien réel ? A quel point était-il une fable ? Et si elle était véritablement mariée ? Son sang rugissait dans ses veines, oubliant qu'il aurait du être glacé depuis des siècles. Il réprima un profond soupir et s'accommoda comme il put du poids qui pesait sur son coeur pourtant éteint depuis des siècles. S'il ne battait plus pour le maintenir en vie, il continuait à souffrir des doutes de l'âme dont il était le siège. Cette mort partielle était inique. Que ne pouvait-on mourir totalement, en perdant en même temps que le souffle de vie et celui des sentiments ? |
| | | Anke Rosenbaum - Noctambules -
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| Sujet: Re: [Champs Elysées] Mademoiselle, faites vos jeux ( pv Anke) Dim 11 Mar - 18:16 | |
| La prestance de Constantin éclatait sous ses yeux. Il était un vampire, il était un homme séduisant et mystérieux mais l’attirance qu’elle éprouvait pour lui avait masqué une certaine dimension de son pouvoir. Là, aux yeux des humains, elle réalisait comme il émanait de lui une autre attraction, une aura des plus irrésistibles. Le sang mort qui les faisait vibrait avait cette fâcheuse tendance à les rendre régulièrement à de plus bas instincts et la domination prenait de dangereux écho possessif. Ils le regardaient presque tous mais il était à elle et le prédateur qu’elle était n’appréciait pas assez de parader avec un trophée pour tolérer cela bien longtemps. Constantin intervint presque comme elle l’attendait à la différence près qu’il déclina sa véritable identité en s’honorant d’un titre princier. Elle baissa les yeux après avoir vu apparaître un éclat impressionné dans les pupilles des mortels autour de la table. Il ne lui avait pas dit.. mais elle avait vu le tableau.. oui ce foutu tableau.. Il était trop vieux pour ne pas avoir de secrets qu’elle ignorait, ils ne se connaissaient même pas ! Quel paysan de cette époque pouvait bien se faire tirer le portrait sinon un Prince ? Elle se maudit d’avoir été si sotte. Le roumain justifia de lui-même sa présence à ses côtés, se présentant comme un ami du couple. Cela aurait pu être satisfaisant oui, si le vampire n’y glissait pas autant d’audace. Sa main s’attardait sur ses courbes avec une douceur trop précise pour être amicale et ses mots tendancieux étaient trop délicieux pour ne pas avoir été goûtés. Anke sentit ses joues s’empourprer et si une très légère rougeur ajouta à son maquillage, le vampire ne pouvait que deviner le malaise qu’il venait de faire naître en elle. Grégoire tira une mine effroyable, rageur que ce cavalier morbide se soit rassasié de Victoria mais encore plus qu’il ait la position pour pouvoir l’afficher en public sans la moindre pudeur. Anke sentit sa respiration accélérer, un grand vide se creusa en elle, un mélange d’humiliation et de peine. Le chanteur ne cherchait donc qu’à la ruiner aux yeux des autres ? La femme eut envie de partir dans l’instant, de rentrer chez elle, de faire ses valises et de déménager avec dix ans d’avance. Cela la contrarierait mais s’il le fallait, elle le ferait. Comment avait-elle put croire qu’il était de son côté alors qu’il cherchait désespérément à détruire le peu de paillettes qu’elle avait dans sa vie ? Elle déglutit lentement, ne pouvant laisser l’instant sans réponse… Mais le musicien renchérit encore en évoquant qu’ils passeraient tous deux la nuit ensemble, la faisant passer pour une épouse mondaine aux mœurs étranges dont le mari trop âgé ne saurait s’occuper. Elle avait imposé aux autres hommes de respecter l’image de cet époux imaginaire. Elle avait cette crédibilité d’être un cœur fidèle malgré la différence flagrante entre le mode de vie des deux époux et lui, il gâchait tout. Anke était incapable de le regarder dans les yeux pour le prier de se taire. Sans doute qu’elle aurait eu trop envie de l’égorger en plongeant ses longues canines en cette si délicieuse jugulaire… Les humains se préparaient à nouveau à poursuivre la partie malgré le sourire mortel qui leur glaça le sang. L’allemande devait rétablir l’ordre.. oui elle devait … Trop à l’aise, le vampire commanda même un peu trop fort une bouteille de Champagne. 1943…1943…1943 ! Il le faisait exprès ? Il la soupçonnait ? Pouvait-il suggérer qu’elle en avait goûté cette même année, dans un lieu presque aussi magnifique ? Il fallait qu’elle reprenne le dessus de la situation oui… Victoria laissa donc échapper un petit rire laissant transparaitre le malaise d’une femme qu’on aurait cherché à déstabiliser, pour susciter un peu de compassion auprès des autres joueurs. C’était un tour du vampire qui maitrisait bien ses personnages mortels mais cela allait dans le sens de l’histoire qu’elle leur avait porté jusqu’ici. - Voilà que mon ami a peut-être déjà un peu forcé sur la bouteille… L’humour des hommes de l’Est est parfois un peu.. soudain.. Mais j’ose croire que vous ne lui en tiendrez pas rigueur…Grégoire eut un petit sourire en coin, touché par le malaise de sa Victoria et conquit par le fait que le Prince venait de se griller en la mettant mal à l’aise. Les vampires pouvaient bien avoir quelques années en trop, ils leur manquaient régulièrement de bien des manières ! Les cartes venaient d’être distribuées et c’est l’unique raison pour laquelle le personnage de Victoria ne se retira pas pour se refaire une beauté et accentuer le fait qu’elle était sensible et bien innocente. Elle finit son verre de Martini et décida qu’il faudrait frapper fort rapidement pour que tous oublient les mauvais sous entendus. Elle regarda ses cartes et sa main était superbe. La chance lui souriait comme si c’était le seul réconfort possible, lui rappelant qu’elle était là pour gagner et réparer son violoncelle et rien d’autre… La partie aurait pu être facile, elle voyait le niveau d'anxiété grimper chez les autres, ils avaient moins de chance qu’elle.. Elle joua mal et perdit la moitié de ses jetons. Victoria prit un air pincé et maladroit comme si vraiment, elle était déçue d’avoir si mal joué mais Anke posa une main sur la cuisse de Constantin, amusée, elle voulait qu’il la regarde perdre son argent. La femme se leva un instant et les hommes se dressèrent pour saluer son départ momentané pour se poudrer le nez et sans doute se remettre enfin des émotions d’une partie perdue. Un des joueurs, à la droite du blond Grégoire tendit une main vers le vampire pour se présenter. - Claude Morant. Il se réinstalla sur son siège élevé. Monsieur le Prince, j’ai l’impression que votre présence déstabilise assez notre amie pour qu’elle en perde ses stratégies traditionnelles… Ce n’est pas pour me déplaire… Si je puis me permettre, de quelles genres d’affaires vous occupez-vous pour Heinrich ? Vous êtes pianiste vous aussi ?Dans les toilettes des dames, Anke attendit d’être seule pour bloquer l’entrée. Là, elle réussit à passer ses nerfs sur une porte qu’elle brisa d’un coup de poing. Sa peau transpira de pourpre sur le dessus de sa main. Il la prenait en otage dans ce lieu où elle aurait du s’amuser et se sentir chez elle. Il était fourbe, il était vicieux, il était détestable comme au premier jour ! Elle croisa son reflet dans le miroir entouré par un cadre doré et se figea, consciente que ce qu’elle n’avait pas supporté dans le fond c’était qu’il mentionne son mari et qu’il insinue qu’Heinrich aurait pu la partager un jour. C’était idiot.. il n’avait jamais été son mari… Est-ce qu’elle devenait folle ? Se venger en perdant l’argent du vampire ne servirait à rien. S’il était Prince, il devait même se moquer de cette bague, de cet argent.. Est-ce qu’il avait été avec le Reich ? Beaucoup de nobles s’étaient ralliés à la cause nazie. Est-ce que cela l’aurait rassurée ou au contraire dégoutée ? Pourquoi avait-il mentionné cette année là ??! Après quelques petites fourmis, elle décida de reprendre le chemin de la table après quelques minutes... |
| | | Constantin Basarab - Constantin le Sanglant -
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| Sujet: Re: [Champs Elysées] Mademoiselle, faites vos jeux ( pv Anke) Ven 30 Mar - 20:57 | |
| Qu'elle fut contrariée ou pas, elle n'en laissa rien paraître aux yeux des humains et se borna à perdre avec une science qui confinait au génie, la main qu'elle avait pourtant fort belle sur le jeu. Cela ne surprit pas Constantin qui s'y était préparé. Il la soupçonnait d'être assez habile à ce jeu de bluff pour perdre la majeure partie de la soirée et se refaire au dernier moment afin de pouvoir s'offrir les réparations du violoncelle et infliger ainsi un camouflet vigoureux à la générosité du vampire. Ne se moquait-elle pas ouvertement en insinuant qu'on pouvait mettre sur le compte de l'alcool l'insolence du prince qu'il était ? Avait-il à s'excuser de ne pas se soucier du regard de ces quelques mortels ? Il se souvint assez vite qu'Anke s'en souciait, elle. Il était donc logique qu'elle se délecte de faire baver de convoitise ce Grégoire mielleux dont elle ferait probablement un en cas d'une seule bouchée au lit. Et lui qui devait penser avoir ses préférences ce soir. L'aveuglement des hommes guidés par leur libido était sans bornes. La preuve en était faite par le fait qu'ils n'avaient eu aucun mal à discerner la nature de Constantin alors qu'ils étaient complètement bernés sur celle de sa compagne. Certes, elle prenait soin de la cacher comme une chose honteuse et pouvait faire illusion un moment, mais lui-même n'avait pas tardé à avoir des doutes lorsqu'il l'avait rencontré. Il avait bien entendu l'avantage de reconnaître presque à l'odeur l'aura de ses semblables mais il fallait bien être obtus pour ne pas se douter que si Victoria survivait sans perdre la santé dans les bras d'un vampire tel que Constantin, il ne pouvait y avoir qu'une explication. Comment cet imbécile de Grégoire ne pouvait pas entrevoir qu'une simple humaine ne se serait pas permis autant de désinvolture à l'égard d'un amant éternel ? Elle fit sa coquette et s'éclipsa au prétexte de se repoudrer comme si on pouvait ajouter à son éclat d'opale. Constantin préféra ignorer la tête de vainqueur du blondinet qu'il imaginait de plus en plus dans le rôle d'un angelot empalé, pour porter attention à son voisin de table qui tendait la main en se présentant. Il ne la serra pourtant pas et se contenta de lui faire l'honneur de l'écouter. Il semblait un peu plus fin que l'autre mortel et attribua la mauvaise stratégie d'Anke au trouble que pouvait provoquer la proximité du vampire. Il trouvait cela plus plausible comme raisonnement et le questionnement était aussi habilement amené au sujet des liens entre l'époux et l'amant. - Je ne suis qu'un piètre pianiste, je le crains mais je suis mécène et artiste... Collectionneur aussi. Nous avons quelques investissements communs Heinrich et moi.Il repensa à la galerie de peintures qu'il convoitait depuis quelques mois et dont il allait bientôt devenir propriétaire. Il ne faisait qu'un demi mensonge en se présentant ainsi. Alors, "Heinrich" était pianiste ? Certainement renommé pour avoir su charmer, malgré son âge la délicieuse Anke. Constantin se félicita d'avoir appris avec un excellent pianiste, un maître, un compositeur qui avait marqué le monde de la musique de son empreinte. Il aurait donné cher pourtant pour connaître le niveau de son rival. Sa mémoire fouillait dans ses connaissances en musique classique pour identifier cet Heinrich comme un éventuel virtuose auréolé de gloire autant que de cheveux blanchis. Il fallait qu'il fut nécessairement vieux et mortel pour laisser sa femme sortir seule. Morant en parlait comme d'un familier. Il donnait à croire l'avoir rencontré. Elle avait bien un époux ou un "mécène" tout du moins qu'elle présentait comme tel, alors... Cette perspective de plus en plus plausible lui donnait une désagréable impression d'avoir été trahi. Et pourquoi donc en vérité ? Il ne lui avait jamais demandé si elle était libre, si elle appartenait à une autre. Elle ne lui avait donc pas menti. La simple pensée qu'elle eût des sentiments aimables pour un autre lui était proprement insupportable et il commençait à goûter au revers brûlant du jeu auquel ils se livraient tous deux, Anke et lui. La jalousie insidieuse dévorante investissait son coeur ne laissant guère de place au doute. - Vous même, connaissez vous Heinrich depuis longtemps ? Il ne m'a pas parlé de vous mais je suppose que nous ne représentons qu'une part infime de ses relations. C'est une personne très discrète et peu mondaine de ce que j'ai cru comprendre. Nous avons en commun l'amour de l'art et ... des belles femmes. Poursuivit le vampire en laissant son regard vagabonder dans la direction où Anke avait disparu et ne prêtant qu'une oreille à la réponse de Morant. Elle tardait à revenir et il se demanda furtivement si elle ne s'était pas éclipsée mais il balaya cette éventualité, trop certain qu'elle ne déserterait pas le champs de bataille sans avoir pris une réelle revanche sur lui et sur le jeu. Lui-même commençait à trouver un peu amer cette soirée qui ne faisait pourtant que continuer dans le droit fil de ce qui s'était joué avant. Plus il passait de temps avec elle et plus il prenait conscience du fait qu'il pouvait la perdre à tout moment, qu'il aurait beau vouloir lui appartenir, jamais la réciproque ne se vérifierait. Elle se voulait libre, même d'un époux riche et respecté qui tenait à distance par sa seule aura intangible tous ces mâles pleins de convoitise. Et il avait cru pouvoir prétendre à quelque emprise sur elle, après seulement quelques jours et deux nuits passées ensembles ? Une fois encore, il mesura son impuissance à contrôler les choses, les évènements et les êtres lorsqu'il s'agissait de sentiments. Il lui fallait cependant n'en rien laisser paraître et sembler maître de ses émotions, tout comme elle l'était. Le serveur revint, chargé de la commande et entreprit de les servir, apportant une heureuse diversion au climat lourd de non dits qui planait autour de la table. Les coupes remplies, il s'éclipsa et ce fut le moment que choisit Anke pour reparaître. Le cercle d'hommes se tenait, presque au garde à vous, coupe à la main et c'est le plus naturellement du monde que Constantin lui tendit celle qu'il lui destinait et porta d'une voix assurée et vibrante d'admiration non feinte un toast en l'honneur de celle qui le torturait. - Messieurs, levons notre verre à celle qui inspire les arts et éclaire notre soirée de sa beauté éblouissante !Il sembla ainsi reprendre la main dans un autre jeu bien plus implicite mais ne trouva pas de réconfort à la mine dépitée et sombre de Grégoire. Il était bien loin, tout prince immortel qu'il était, d'éprouver l'assurance qu'il affichait. |
| | | Anke Rosenbaum - Noctambules -
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| Sujet: Re: [Champs Elysées] Mademoiselle, faites vos jeux ( pv Anke) Dim 29 Avr - 23:32 | |
| Claude récupéra sa main en passant une nerveuse langue sur ses dents. Un geste bref qui trahissait le malaise que l’incorrection du vampire avait suscité en lui. Il n’était pas très à l’aise avec les immortels mais il se complaisait à croire qu’ils étaient civilisés et si Victoria et Heinrich en côtoyaient c’est que cela était possible… - Un collectionneur.. je vois. Ces quelques mots pour signifier qu’il n’y connaissait rien au marché de l’art mais qu’encore une fois les vampires se mettaient à l’abris du besoin sur un marché sans âge où ils ne pouvaient qu’avoir l’avantage. - Non je n’ai pas eu la chance de le rencontrer bien qu’il ait accepté de venir au dîner de charité organisé par le Cercle. Il a envoyé un bon chèque pour se faire pardonner il me semble.. - Oui, ça.. il doit en avoir de l’argent.. Pourquoi autrement.. Grégoire se tut, conscient d’aller un peu trop loin et hésita avant de relever les yeux sur le vampire devant lequel il se sentait coupable. - Je ne l’ai pas rencontré non plus, ajouta le malheureux comme pour conforter le Prince qu’il avait un avantage certain sur eux. Il avait pourtant bien vu comme le prédateur avait regardé dans la direction de la belle, il ne connaissait rien de cette espèce là et si elle pouvait se montrer possessive. Anke revint enfin avec une mine arrangée et un éclat plus serein dans les yeux. L’accueil de la tablée ne l’intimida pas et elle remercia Constantin pour le verre qu’il lui tendit. - Espérons que cette cuvée me porte chance. Une belle année pour une drôle d’époque.Elle osait, elle mettait les pieds dans le plat mais ce n’était pas grave. Elle fit tinter leurs verres et remarqua une légère ombre sur le visage de son amant. Elle laissa courir son regard sur les autres humains mais comme ils n’affichaient pas d’horreur, elle ne se sentit pas encore démasquée. Il ne l’avait pas trahie. Elle préféra détendre l’atmosphère avec un trait d’humour. - Ai-je loupé quelque chose ? Une alliance musquée contre ma revanche bien décidée ? - On se demandait à juste raison quand votre époux nous ferait l’honneur de sa présence.Anke se mit à rire, d’un naturel très moqueur. - Pauvre Grégoire, est-ce que vous vous inquiétez des comptes de mon mari ? Souhaiteriez-vous que je prenne le thé avec Madame ? Voyons.. ne mélangeons pas les initiés avec ceux qui ne comprendraient pas. Il fallait définitivement clore le sujet de l’époux. Ses camarades ne connaissaient pas grand-chose sur elle alors ils profitaient du peu qu’ils détenaient. La nouvelle main était lancée. Moins chanceuse elle n’avait cependant pas envie de perdre. Elle perdit quelques manches, volontairement mais réussit un coup magistral gagnant le tapis de quelques uns. Elle avait triplé la somme du vampire c’était bien suffisant mais le sort des cartes étaient si alléchants. Elle se détendait et prenait un réel plaisir à cette table de jeu. Elle ne pouvait pas boire plus de trois verres d’alcool sans paraître particulièrement résistante alors, elle commanda du thé. Anke était heureuse et veillait son compagnon parfois trop silencieux avec un franc sourire, bien qu’il ne découvre jamais totalement ses dents. Le temps s’écoulait sans qu’elle ne le sente durer mais elle commençait à s'inquiéter que sa bonne humeur ne lui soit pas si communicative. - Mon cher.. ne vous joindriez-vous pas à nous.. ? Voyez comme ces hommes ne font vraiment pas l’affaire face à moi. Je suis sûre que vous avez très bien compris les règles. Et cela vous détendrez un peu.. Etes-vous contrarié ? Elle pencha la tête sur le côté pour accentuer le fait qu’elle y tenait mais surtout pour lui affirmer clairement qu'elle était préoccupée par son air un tantinet fermé. - Je peux vous avancer de quoi vous lancer si vous n’avez pas de quoi.. C'était gentil oui.. et tellement maladroit. |
| | | Constantin Basarab - Constantin le Sanglant -
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| Sujet: Re: [Champs Elysées] Mademoiselle, faites vos jeux ( pv Anke) Mar 1 Mai - 23:06 | |
| Le nervosité des uns, le mépris ou la jalousie des autres, Constantin n'en avait cure. Seuls comptaient à ses yeux le regard qu'Anke posait sur lui et le jeu qu'elle menait et qui lui ravageait le coeur. Sa mâchoire se contracta néanmoins de façon inquiétante lorsque Grégoire insinua que son aimée pouvait s'intéresser à un homme, fut-il un autre que lui, simplement pour ses richesses. Qu'on l'insultât, lui, pouvait le contrarier ou lui donner l'occasion de devenir cruel , sarcastique mais qu'on fît outrage à celle qui était venue à son bras, à Anke surtout, lui était intolérable. Il se pourrait bien que le falot vécût son dernier soir. Mais elle était revenue et le sang du vampire aurait battu à ses tempes si son coeur ne s'était jadis figé dans l'éternité. Peut-être était ce pire d'ailleurs, de ne pouvoir manifester ces signes physiques de douleur autrement que par cette mine fermée et ce regard sombre qui enveloppait la jeune femme en espérant une trêve qu'il n'osait quémander. Qu'elle ignorât superbement ses yeux qui contenaient toute la souffrance de son âme et il serait voué aux affres de la jalousie et de l'incertitude durant toute la soirée. Le brouhaha des tables voisines autour des quelles des couples "normaux" ou des amis s'amusaient lui devint tout à coup insupportable. Il aurait voulu pouvoir mettre cela sur le compte de cette saleté d'anémie, de la faiblesse que portait les mâles de sa famille aussi, qui avait été une plaie sans nom pour le guerrier et le restait pour le vampire. Faire couler le sang, offrir son sang au tumulte des batailles, chasser et la laisser s'abreuver de lui... Un tourbillon s'empara de Constantin. Etait-il possible qu'un immortel se voie défaillir devant un parterre de bétail, qu'un Basarab s'écroule devant le commun des mortels, pour l'amour d'une femme, par simple faiblesse de son âme empoisonnée d'un amour inique. Elle se riait de lui, et lui ne riait pas. Il avait envie de hurler sur ces pantins qui tentaient de briller de la connaître et d'être dans la sphère de l'homme qui la possédait. Il avait envie de sauter sur la table de jeu, de les prendre un par un par le cou, de leur briser la nuque d'une seule main. Entendre craquer les vertèbres de ceux qui l'obligeaient à taire son malheur pour ne pas déplaire à Anke? Que faisaient -ils là ? Pourquoi avait-il accepté de l'entraîner ici ? Qui avait eu cette idée déjà? Il ne savait même plus mais soupçonnait la rouée d'avoir fait germer cette idée dans son esprit, de lui avoir soufflé en lui faisant croire qu'il en était l'instigateur. Ainsi avait-elle ce pouvoir sur lui ? Le faire agir comme ELLE l'entendait, tout en lui laissant croire qu'il pouvait mener le jeu. Il en eut furtivement la conviction et recula doucement alors qu'elle relançait et raflait finalement la main. Pâle comme sa soeur la mort, il s'appuya à une petit guéridon. Sur un ton forcé et faussement enjoué, elle avait jeté, avant de revenir aux cartes, une allusion glacée à la cuvée spéciale. Pourquoi cet air de défi et de questionnement avait-il flotté dans son regard ? Est-ce qu'elle en savait plus sur lui qu'elle ne le disait ? Depuis leur première entrevue de l'Opera, s'était-elle de la même façon qu'il avait cherché à savoir pour elle, renseignée sur lui ? Elle avait bien évidemment quelqu'un à qui demander. Les vampires ne voient pas le jour comme la rosée à l'aube naissante. Ils ont leur naisseur... Son Sire aurait-il pu la renseigner ? Peut-être même n'était-il autre que ce fameux Heinrich ? Il passa en revue ce dont il aurait pu avoir honte dans un passé finalement récent en considération de sa longue existence. Il avait été résistant mais, de cela, il ne pouvait qu'être fier, même si en comparaison de la longue liste de ses crimes, son héroïsme faisait peu le poids. Il se souvint des premières heures de son enrôlement dans le groupe de polonais qui faisait sauter des ponts et des lignes ferroviaires. Chaque fois qu'un des membres de l'escadron perdait la vie, la nausée lui montait aux lèvres. Quel héros pouvait-il être face à sa conscience, lui qui ne risquait pas à chaque opération de laisser la vie. C'était ainsi, il pourrait faire tout le bien qu'il voudrait, jamais cela ne compenserait le mal qu'il avait fait. Un vampire ne pouvait expier, pour les Immortels point de rédemption. Condamné à l'infamie. Avant, cela lui donnait l'écoeurement de lui-même. A présent, il s'en révoltait. Si lui ne s'aimait pas tel qu'il était, comment pourrait-elle l'aimer un jour ? Et si sous l'aura du Prince, couvait une âme noire et damnée par ce qu'il avait été vivant, comment pouvait-il espérer se sentir digne d'elle un jour ? D'autres maîtresses, qui avaient su percer une partie de son mystère, avaient dit l'aimer aussi pour cela, être fascinées par cette aura noire qu'il dégageait, ce relent de cruauté assoupie. Il leur en avait ôté la vie, sans aucun état d'âmes, trop bouleversé de lire dans leurs yeux pourquoi elles l'aimaient. Il ne voulait pas qu'Anke l'aime pour cela. Non, il ne voulait pas. Alors il se retint et se tût. Aucun humain ne souffrit sa haine déchaînée. Il se ferma en lui-même, laissant les choses se dérouler, la laissant mener le jeu à sa manière. Il courait toujours en son esprit le point d'achoppement de l'année 43 qui troublait la jeune femme et il se promit de fouiller plus encore dans cette direction. Elle lui avait mis la puce à l'oreille sans le vouloir, ou peut-être bien en le voulant. Il se donnait donc le droit de mener son enquête, plus tard ... Lui aussi avait ses réseaux et il repensa à Reinhart. L'ancien officier allemand pourrait peut-être mener des recherches dans ce sens. Il le lui devait bien. Oui, Dunkel devait avoir gardé des contacts. Il finirait par savoir qui était Anke en 1943, alors que les démocraties agonisaient sous le joug des blindés teutons, alors que le bruit des bottes résonnait dans les capitales européennes. Qu'elle put être une autre Eva Braun lui révulsait le coeur. L'imaginer paradant au bras d'un dignitaire SS le ravageait. Mais que savait-il de cette femme qu'il avait tenu dans ses bras et fait crier de plaisir quelques heures auparavant ? Rien. Il ne savait rien... Peut-être moins que ces cloportes qui bavaient en la regardant se refaire à la table de jeu. Elle avait habilement ramené la conversation et l'intérêt sur la partie et fit mine de les laisser gagner pour finalement les détrousser en toute impunité par sa sagacité. Elle avait taquiné Grégoire dans un rire en les posant comme membres d'un cercle fermé dont elle excluait les conjoints. Ses amis n'insistèrent pas et se rallièrent à la complicité du jeu. Constantin n'était pas loin de se sentir du côté des exclus. Il ressassait de sombres pensées alors qu'elle se grisait du champagne dont elle consomma trois coupes. Détendue, elle riait et brillait autant que lui s'égarait dans des pensées lugubres. Ce soir, elle irait retrouver son mari sans doute, son peut-être immortel époux, celui qui l'avait faite. Elle le laisserait encore plus seul. Il serait seul d'elle. Une solitude à laquelle rien ne pouvait le préparer, lui qui avait trop longtemps oublié ce qu'était aimer. Elle menait le jeu en tout point et le faisait en resplendissant de beauté et de joie. Il se sentit profondément triste de cette gaieté qu'il n'arrivait pas à partager et cela le rendit plus sombre encore. Lorsqu'elle eut triomphé de ses adversaires et que l'enjeu perdit de sa saveur, elle se souvint qu'il existait et se tourna vers lui. Il releva la tête et croisa son regard si innocent et rieur alors qu'elle soulevait délicatement la tasse de thé qu'elle avait commandée pour la porter à ses lèvres. Grisée par l'alcool peut-être au moment de charmer sa cour, elle ne revenait à lui par la pensée qu'au moment où tous ces mortels avaient perdu leur intérêt et en dégustant le breuvage des femmes rangées. Il la regarda longuement alors qu'elle le défiait dans un jeu dont elle croyait détenir les clefs. Si sûre d'elle, le regard amusé et curieux de ses amis dardé sur le prince qu'elle se plaisait à humilier. Acculé au mur, face à ce qu'il sentait comme étant le point d'orgue de la soirée, Constantin, qui avait bu bien plus que trois coupes, sentit le sang des Basarab lui monter aux joues . Sa voix était rauque, son souffle court mais son ton assuré lorsqu'il lança, le regard brillant d'une émotion jamais ressentie: - J'ai largement matière à surenchérir. Je perds et vous n'entendrez plus parler de moi, je gagne et vous vous libérez de votre vieux mari, pour être mienne, par une heureuse invention qu'on nomme divorce.
Dernière édition par Constantin Basarab le Dim 13 Mai - 20:45, édité 1 fois |
| | | Anke Rosenbaum - Noctambules -
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| Sujet: Re: [Champs Elysées] Mademoiselle, faites vos jeux ( pv Anke) Sam 5 Mai - 14:15 | |
| Loin d’imaginer la profondeur du tourment de son immortel, elle avait cependant hâte qu’il s’ouvre et dévoile l’ombre qu’elle devinait en son regard. Il avait une aura incroyable, surplombant de grâce et de beauté tous les mortels environnants. Les vampires avaient cette présence que la chair des plus tendres ne savait égaler. Elle travaillait dur pour se cacher parmi eux, peut-être que son éternité sautait aux yeux des plus avertis, elle l’ignorait. Il était beau et il était sien. Elle s’était enfin hasardée à lui adresser la parole sur un ton léger et mesquin. Il comptait pour elle mais il lui semblait impossible de s’exprimer autrement. Ils n’étaient pas très forts en communication tous deux et leurs crocs n’étaient pas toujours plus acérés que leurs verbes. Cela la confortait en une certaine façon de pouvoir le provoquer, car elle était certaine qu’il réponde. Contre toute attente, il s’exprima calmement mais avec une voix assez affectée qui lui transperça le cœur. Lui avait-elle fait du mal ? Il lui fallut plusieurs secondes pour comprendre le sens même de ce qu’il venait d’énoncer. Le visage de la vampire se transforma en un masque indéchiffrable. Les yeux plantés dans ceux de son amant, elle mesurait l’outrage mais ne comprenait pas qu’il change les règles du jeu. Les hommes autour de la table s’étaient abstenus d’intervenir, sous le choc, eux aussi de l’audace du prédateur. Ils attendaient alors un geste de leur Victoria pour savoir si elle était capable de répondre seule mais elle, était figée dans une douleur insoupçonnée. Elle dut maintenir ses plus bas instincts pour ne pas trahir sa nature dans un rictus félin, menaçant celui qui venait de l’agresser de ne plus poursuivre en cette voie. Le silence se faisait sans doute pesant car Grégoire intervint finalement mais dans un murmure. Quelque chose lui échappait, la femme n’était ni effondrée, ni amusée, ni furieuse, elle l’inquiétait. - Victoria.. je sais que vous vouliez distraire votre ami mais.. la table n’est pas.. ouverte aux vampires.. enfin je ne néglige pas votre talent mais vous ne sauriez bluffer longtemps face à un joueur de son rang.Il était poli, il était aimable… Elle tourna son visage sur lui, elle voulait l’égorger. Son voisin lui mit un petit coup de coude pour qu’il se taise, la femme pouvait bien vouloir le laisser gagner même si c’était là un outrage à toutes leurs valeurs d’habitués. Anke baissa enfin les yeux sur le tapis de velours pour reprendre ses esprits et le bout de ses doigts s’emparèrent d’un jeton pour faire redescendre la tension qui ne la quittait plus. Enfin, elle inspira et retrouva une mine fausse mais crédible, cordiale mais transpercée par ses pupilles aiguisées, pour s’adresser à Constantin. - Alors cette partie ne m’intéresse pas.Le regard du vampire la captivait, ils étaient dans une dissonance harmonieuse, elle savait que quelque chose n’allait pas et son propre cœur en souffrait mais elle n’arrivait pas à parler et à faire fi des autres, sa couverture… Il fallait partir. Non elle ne savait pas lui expliquer qu’elle ne voulait pas le perdre car elle ne doutait pas un instant de gagner. Quel intérêt pouvait-il avoir à ce qu’elle accepte de quitter un époux qui n’existait pas ? Elle balaya d’un geste ses jetons et les enfourna dans sa pochette. Elle lança un mot agréable aux humains pour leur souhaiter une bonne soirée et s’approcha de Constantin pour lui déposer un baiser sur la joue et poser une main complice sur son épaule. - Me raccompagneriez-vous ? Allons marcher peut-être…Elle sentait que tout allait de travers, il fallait fuir et vite. Aussi, elle n’attendit pas qu’il réponde, supposant qu’il resterait dans sa torpeur pour prendre le chemin du bureau de change. Ses mains étaient moites, l’angoisse la gagnait, à quoi pensait-il ? Pourquoi leurs esprits s’étaient-ils loupés une nouvelle fois ? Qu’est-ce que les idiots avaient bien pu lui dire ? Elle aurait du mieux l’avertir. En même temps, elle ne savait pas qui elle rencontrerait et il était bien au fait des alibis et autres mensonges bien tissés. L’immortalité était une grande liberté pour certains mais pour d’autres cela obligeait à beaucoup de stratégie. Peut-être était-ce là la source de sa retenue ? Ils étaient différents. Il venait peut-être de réaliser que lui, si indépendant ne pouvait souffrir une femme si méticuleuse quant à l’opinion des humains. Certes ce n’était pas pour leur plaire, mais c’était tout de même dans une certaine mesure avilissant pour leur espèce. Il brillait dans les hautes sphères quand elle jouait à se terrer. Peut-être cette vérité lui était-elle apparue de toute beauté en cette soirée et qu’il ne l’aimait plus car portait l’ombre d’une humaine. Cela ne devait pas rendre assez bien à son bras. Est-ce que le spectacle avait été navrant pour lui quand elle avait détroussé ces mortels en trichant de la plus odieuse des façons? Son cœur se mit à battre alors qu’il ne le faisait pas souvent, quelques coups qui lui firent assez mal, il voulait la quitter. |
| | | Constantin Basarab - Constantin le Sanglant -
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| Sujet: Re: [Champs Elysées] Mademoiselle, faites vos jeux ( pv Anke) Dim 13 Mai - 22:04 | |
| Comme c'était facile. Quand il jouait son va tout et acceptait d'entrer dans la ronde des cartes, elle déclinait, ne voulant accepter la mise. Petite fille boudeuse, elle ne concédait pas qu'il pût, cette fois, mener le jeu et en dicter les règles. Aucune des perspectives ne trouvait grâce à ses yeux. Elle ne voulait pas renoncer à lui comme amant mais elle ne voulait quitter son confortable mari qu'elle dissimulait fort habilement dans le jeu d'une double vie. Constantin se demanda si Marjorie savait pour Heinrich. Peut-être que non. Anke et elles étaient artistes. Cela suffisait à masquer des absences du petit appartement qu'elles partageaient sans doute simplement lorsque les activités de la violoncelliste le rendaient nécessaire. La fille était le contraire de sa colocataire: spontanée et volubile. Il l'imaginait très mauvaise menteuse, ce qu'Anke n'était assurément pas. Oui, la petite humain aurait été une calamité à une table de poker, tout comme lui s'il n'avait été stratège militaire de longue date. C'était un peu la même chose. Faire croire à l'ennemi qu'on allait fondre sur lui à un endroit et surgir là où il ne nous attendait pas. Pourtant, il était en train de prendre un sérieux revers et se retrouvait face un adversaire qui, même s'il battait en retraite, abandonnait derrière lui une terre dévastée. Un coeur à la dérive. En si peu de temps. Comment était-elle parvenue à le mettre à genoux ? Il allait tuer ce Heinrich, il le débusquerait et le ferait disparaître. Cet homme avait possédé Anke, il avait été sien mais il allait y mettre un terme. Son tour était passé. Constantin ne laisserait personne se mettre entre elle et lui. Si elle ne comprenait pas ce qu'il y avait entre eux et comme chaque révélation de ses amis avait été cruelle à son coeur, elle le mesurerait bientôt. Pour chaque mot, douloureux comme une aiguille d'argent le transperçant, il rêvait d'infliger la même douleur à son rival. Il se souvint encore de cette étrange sensation dans le studio lorsqu'il l'avait mordue pour la première fois, cédant à une pulsion. Elle l'avait regardé alors comme si elle avait voulu qu'il fût autre. Peut-être cet époux qu'elle semblait couver comme une merveille qu'on tient secrète. A bien y réfléchir, il était peut-être mortel et avait vieilli alors qu'elle demeurait ardente et belle. Elle vivait dans le souvenir triste et nostalgique du fougueux amant qu'il avait dû être lorsqu'ils s'étaient rencontrés. C'était cela ! Anke était amoureuse de son vieux mari, un mortel sur le déclin dont elle regrettait amèrement les étreintes. Il se convainquit alors qu'il n'aurait jamais la place à laquelle il aspirait dans le coeur de la ballerine. Il ferma les yeux lorsqu'elle effleura sa joue d'un baiser, ayant pris congé de l'assemblée. Il retint un mouvement d'épaule qui aurait été extrêmement blessant pour elle lorsqu'elle posa sa main sur lui. Il sut qu'il avait perdu. On ne vainc pas un adversaire qu'on répugne à faire souffrir. Il inclina à peine la tête en saluant les mortels. La pensée qu'ils devaient l'envier de partir avec elle comme il était venu, ne le réconforta pas le moins du monde. Elle avait traversé la salle sans l'attendre et s'était arrêtée au guichet pour convertir ses jetons en pièces sonnantes et trébuchantes et il éprouva le besoin d'aller prendre l'air sur les majestueuses marches qui menaient à l'entrée du casino. Il renonça à être galant et ne récupéra que son manteau au vestiaire. La lune était au dernier quart. Demain elle serait noire et propice à la chasse. Il savait déjà qu'elle serait plus sanglante pour lui que d'accoutumée. Alors qu'il ne s'y attendait pas, le cri sortit tout seul, déchirant la nuit. Un cri de désespoir comme il n'en avait jamais poussé. Un couple qui sortait d'une limousine se ré-enfourna précipitamment à l'intérieur. Pour un peu l'homme se serait assis sur sa compagne. La voiture démarra en trombe laissant Constantin interloqué un instant. Puis il partit d'un formidable éclat de rire. Si la scène pouvait prêter à rire indubitablement, c'était un rire presque dément et d'une infinie tristesse qui secouait le vampire. Il mit plus de temps qu'il ne fallait pour le calmer et Anke le surprit en proie aux dernières quintes. Il essuya ses yeux d'un revers de la main et contemplant la manche de sa chemise d'époque imbibée comprit que deux sillons carmin inondaient ses joues. Elle allait le prendre pour un fou, riant et pleurant à la fois. - Pouvons-nous marcher avant que je vous raccompagne à l'hôtel de votre époux ? Il a certainement une résidence de famille en ville ? S'il faut aller à la campagne nous irons aussi bien.Il lui proposa son bras pour s'appuyer et ils firent quelques pas. - Je crois que cela ne va pas être possible, Anke... Vous partager dans le travail oui, je peux le concevoir. Mais au lit ? Je sais qu'il ne s'agit que d'une aventure entre nous. Mentit-il de manière éhontée. Mais même mes maîtresses, je ne les partage pas, fût-ce avec leur mari.Il baissa la tête pour éviter la branche basse d'un des arbres qui longeaient l'avenue. - Cette soirée était, très divertissante, Anke. De plus vous avez atteint votre objectif et vous pourrez régler la note du luthier. Poursuivit-il faussement enthousiaste tout en se promettant de la régler avant elle. Il soutint son bras lorsqu'elle buta légèrement contre une bosse de l'asphalte soulevée par les racines des arbres. -La nature finit toujours par reprendre le dessus... Murmura-t-il dans un soupir, un sourire triste aux lèvres. Vos amis étaient des plus intéressants ! S'exclama-t-il sautant du coq à l'âne. J'ai appris bien des choses... Je comprends que vous soyez si avertie quant au jeu de mes mains sur un clavier. Votre époux doit avoir bien plus de pratique que moi... Hasarda-t-il. Il marqua une pause pour sortir une cigarette de son étui et se permit de lâcher le bras de la jeune femme pour l'allumer. Inspirant la première bouffée, il lui rejeta sciemment au visage. - Il faudra que je le remercie un jour de vous avoir faite si experte de vos mains. Car c'est à lui, je suppose que vous devez également ce toucher inégalé ? Ajouta-t-il, cinglant du double sens de ses mots et balançant sa cigarette dans le caniveau d'un geste rageur. Vous pensiez me le dire quand ? Quand, Anke ? Ou alors saviez-vous que j'allais l'apprendre et prenez vous plaisir à m'humilier ? Poursuivit-il en posant ses mains tremblantes sur les épaules de son amante. Aussi soudainement, il se détourna d'elle pour ne pas l'embrasser de force alors qu'elle le regardait, interdite, muette devant sa violence. Il commença à rebrousser chemin pour rejoindre le voiturier et lui demander d'aller chercher la limousine et son chauffeur dans leurs quartiers. Il avançait avec une lenteur étudiée, comme au ralenti, espérant entendre le bruit de ses talons qui tentaient de le rattraper. |
| | | Anke Rosenbaum - Noctambules -
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| Sujet: Re: [Champs Elysées] Mademoiselle, faites vos jeux ( pv Anke) Ven 20 Juil - 19:03 | |
| La file d’attente n’était pas bien longue au bureau de change mais un client tardait à comprendre le français de l’employé tant est si bien qu’on le pria de se mettre sur le côté pour attendre qu’un autre se charge de lui. Anke avança enfin contre la vitre et récupéra son dû dans un silence mortuaire. L’homme qui l’avait servi peu de temps avant la retrouvait le visage fermé et la bouche crispée. - C’est vrai que je ne vous ai pas vue souvent partir les mains vides mais ne vous en faites pas trop Madame, la chance tourne…Il n’avait pas tout à fait achevé sa phrase quand il mesura la cagnotte remportée pour la soirée. Il releva les yeux sur elle, interloqué et comprit qu’elle ne devait pas être contrariée pour les raisons les plus naturelles… La femme avait plus que triplé son gage initial. Il lui tendit la bague du roumain et elle évita son regard jusqu’au dernier moment. Lorsqu'il posa les derniers tampons, un cri d’effroi retentit et tous sursautèrent en même temps et tournèrent instinctivement la tête en direction de l’extérieur. Anke sentit son cœur se liquéfier ; ce ne pouvait être que lui mais que pouvait-il bien se passer ? Elle sortit sur les marches du perron et sentit les humains se disperser. Il était là, accablé par des spasmes qu’elle ne savait trop interprété. Est-ce qu’il riait ? Pleurait ? Non son prince ne pouvait pas.. mais il se retourna et elle devina quelques trainées écarlates sur ses joues. Anke était inquiète mais plus encore, elle eut peur de lui. Elle frissonnait mais ne se rappela pas avoir oublié son manteau. Est-ce qu’il voulait la tuer parce qu’il ne voulait plus d’elle mais qu’elle en savait trop ? La violoncelliste avait peur car elle savait que lorsque les choses tournaient mal avec un vampire, il fallait fuir surtout lorsque celui-ci était plus puissant qu’elle. En une fraction de seconde elle pensa à Marjorie et comme elle devrait l’assassiner pour partir loin et vite sans qu’il n’ait la moindre façon de la faire revenir. Constantin s’adressa enfin à elle. Il ne parlait pas si fort mais il sembla vouloir poursuivre sur la continuité de sa couverture. Il la vouvoyait et il semblait prendre bien au sérieux son rôle d’escort. Elle plissa le front, trahissant son incompréhension et avança d’un unique pas timide, descendant une marche pour vérifier qu’il ne l’attaquerait pas dans l’instant avant de s’approcher prudemment. Elle se hasarda à lui prendre le bras et accepta de le suivre. Etait-elle folle elle aussi de le suivre alors qu’il comptait sans doute se débarrasser d’elle ? Elle sentait encore quelques regards sur eux, les humains paraissaient rassurés de les voir ainsi s’éloigner mais elle entendit également qu’il ne faisait de doute pour eux, qu’elle finisse par être son dîner. Le vampire ne tourna pas autour du pot. Il énonça leur rupture avec simplicité comme si cela était une formalité. Ce n’était pas possible… Cette soirée avait donc été si misérable à ses yeux ? Elle sentit son pas plus lourd, elle gardait pourtant son rythme mais l’émotion grandissait tant qu’elle sentait la force la quitter. Constantin ne s’arrêta pourtant pas là et il fabulait à présent sur le fait qu’elle lui était infidèle. Anke tressaillit alors, la sauvant sans doute de sa torpeur. Elle voulait répliquer mais il était lancé et ne lui accordait pas l’ombre d’un regard. Voilà qu’il concluait presque les termes de leur contrat, il parlait de la facture du luthier.. Il voulait sans doute récupérer sa bague tout de suite, oui. Elle aurait du s’en saisir dès lors mais elle n’avait pas le courage de lui faire face, elle sentait quelques larmes rouler jusqu’au creux de sa bouche. Aussi, le regard brouillé et l’attention perdue, elle buta contre une racine mais il la récupéra sans mal. Est-ce que cela symbolisait comme elle était devenue faible et misérablement humaine quand lui régnait sur ce monde entier? Son aimé parlait sans que rien n’aie de sens pour elle, il revenait sans cesse sur la mention d’un époux mais la conversation devenait plus acide sans qu’elle ne sache pourquoi. Elle ne comprenait pas où il voulait en venir il l’avait lâchée pour allumer une cigarette et tirait dessus un peu trop vivement pour ne pas en être maladroit. Enfin, il la questionna presque directement après lui avoir soufflé une bouffée en plein visage. Sans atteindre le mégot, il jeta la cigarette à peine entamée dans le caniveau et posa les mains sur la femme. Elle se crispa, terrifiée bien qu’elle fit de son mieux pour le dissimuler, aucun mot ne voulait sortir de sa bouche. Est-ce qu’il allait la tuer maintenant qu’il était devenu fou ? Peut-être que sa détresse la sauva car il s’éloigna d’elle tout aussi brusquement, marchant au loin pour appeler une voiture. Anke sentit les sanglots gagner sa gorge mais ne trouva la force de courir vers lui, elle se mit à crier en sa direction. - Je ne comprends rien ! Constantin ! Sa voix se brisa et elle s'en sentit humiliée. - Qu’ai-je fait pour te perdre déjà ? Qu’est-ce que… Elle chercha à se souvenir de ses paroles. Avec qui veux-tu me partager ? Je ne couche ni ne me nourris d’aucun d’eux ! Soudain l’effroi la figea. Il avait d’autres maîtresses ? Oui, il avait avoué.. elle n’était rien pour lui, ce n’était qu’une aventure. Elle voulut partir en courant mais elle se souvint de la bague. Elle fit alors quelques pas en sa direction, attrapa le précieux bijou dans sa sacoche et lui jeta dessus avec la force et colère du désespoir, le tintement de l’or sur les pavés retentit de façon caractéristique mais elle s'attarda tout de même pour guetter sa réaction. - Alors je ne te dois plus rien. Vas donc retrouver tes maîtresses par milliers, tes groupies et tes hautes sphères ! Si je te fais honte au point que tu en deviennes fou c’est que… Elle se mit à pleurer. - Je crois que j’aurais préféré que tu me tues. |
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